Huawei ; Les ingénieurs de Huawei auraient réussi à développer une suite d’outils logiciels nécessaires à la conception et à la production de puces. Pas encore suffisant pour graver les processeurs de pointe, mais largement de quoi commencer à construire une indépendance technologique jusqu’à 14 nm.
Un timing au poil
Il y a à peine une semaine, nous vous parlions de la volonté américaine de priver totalement la Chine des logiciels d’Electronic Design Automation (EDA) occidentaux. Un durcissement supplémentaire des relations technologiques entre les deux pays. Car sans logiciel EDA moderne, point de puces de pointe. Si la Chine dispose de quelques logiciels sur place, ceux-ci sont bien moins développés et performants que leurs équivalents américains, allemands ou français.
Vers le DUV… et l’au-delà ?
Dans l’histoire des technologies de production de puces, nous avons connu une révolution silencieuse il y a quelques années. Le néerlandais ASML, déjà numéro 1 mondial des machines « classiques » à ultraviolets profonds (DUV, Deep Ultraviolet) a en effet réussi le tour de force de concevoir une machine fonctionnant avec un laser ultraviolet dit extrême. Ce passage du DUV à l’EUV ne s’est pas fait en un jour : théorisé des décennies auparavant, l’usage des EUV n’était alors qu’un rêve. Devenu une réalité pour les entreprises qui peuvent faire appel aux fonderies de TSMC ou Samsung, les seules à maîtriser le procédé à l’heure actuelle. Or, l’accès à ces usines est en tout ou partie interdit aux entreprises chinoises, ainsi que l’accès aux machines EUV d’ASML – ainsi que les logiciels EDA américains.
Cette dépendance, la Chine la vit (évidemment) très mal et le président Xi Jinping a débloqué d’énormes budgets pour que les acteurs locaux développent des alternatives. Et en matière de machines, la révolution est déjà en marche : outre les logiciels EDA dont nous faisons l’écho aujourd’hui, on sait que Huawei travaille en sus sur la gravure… EUV. Le chinois a en effet déjà commencé ses dépôts de brevets dans le domaine ! Difficile de savoir si la Chine arrivera à se mettre au niveau du reste du monde. Ou si, privée de coopération, elle sera cantonnée à courir après le « bloc » pro-américain. Mais une chose semble sûre : les ingénieurs du pays, et plus particulièrement du champion Huawei, sont bien décidés à relever le défi.