Le Bangladesh est coupé du monde. Les habitants se sont réveillés ce vendredi sans connexion internet, découvrant des bâtiments gouvernementaux incendiés la veille, en marge des affrontements entre forces de l’ordre et étudiants. Les locaux de la télévision ont pris feu. Le bilan des victimes a atteint ce vendredi au moins 50 morts, selon un décompte se fondant sur les chiffres donnés par des hôpitaux du pays.
La police bangladaise a interdit vendredi tout rassemblement dans la capitale Dacca et dit avoir arrêté Ruhul Kabir Rizvi Ahmed, l’un des principaux dirigeants de l’opposition. Ce dernier est l’un des responsables du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), principal parti d’opposition et fait face à des « centaines d’affaires », a déclaré Faruk Hossain, le porte-parole des forces de l’ordre. Il n’a pas donné plus de détails sur les raisons de son arrestation.
Depuis début juillet, les étudiants manifestent pour l’abandon des quotas qui réservent un tiers des emplois publics aux descendants des combattants de la révolution. D’abord pacifique, les manifestations font face à une répression policière violente et à des groupes pro-gouvernementaux. « La répression va sûrement s’intensifier ce vendredi. Au moment même où je parle, il y a des sons de grenades, des tirs juste derrière ma vitre », explique ce jeune manifestant de 23 ans, joint par Nicolas Rocca, journaliste au service international de RFI.
La répression va surement s’intensifier ce vendredi. Au moment même où je parle, il y a des sons de grenades, des tirs juste derrière ma vitre
Ce gouvernement autocratique, anti-démocratique doit démissionner. Si les gens le veulent, ils peuvent renverser le gouvernement. C’est le moment
Ce jeudi, de violents affrontements ont blessé au moins 104 policiers et 30 journalistes, a rapporté la chaîne de télévision privée Independent Television. Selon cette dernière, 702 personnes ont été blessées au cours de ces heurts entre la police et les étudiants qui manifestaient à travers 26 des 64 districts du pays.
Les dernières informations qui nous parviennent font aussi état de violence de la part des manifestants. Ce jeudi, des vidéos montraient des forces de l’ordre incapables de contrôler la foule. Sans internet et presque sans appels téléphoniques, difficile de dresser un état des lieux complet ou de donner un bilan humain. Ce qui est certain, c’est que le mouvement a dépassé l’unique revendication des quotas.
Depuis quinze ans, le pays est dirigé Sheikh Hasina, la fille du fondateur du pays. Cette dernière a muselé l’opposition et concentre désormais les critiques des manifestants. La Première ministre a condamné mercredi le « meurtre » de manifestants dans un discours télévisé et a promis que les responsables seraient punis quelle que soit leur couleur politique. Mais cela n’a pas suffi. La violence n’a cessé d’augmenter, la police ouvrant le feu sur des manifestants de plus en plus déterminés avec des balles en caoutchouc et d’autres munitions.