Le Conseil de sécurité de l’ONU a entériné mardi soir 20 juin la nomination par le Secrétaire général d’un envoyé spécial pour la Libye. Après une prolongation en catastrophe de quatre mois de l’envoyé actuel Martin Kobler faute de consensus autour des personnalités proposées pour ce poste, la nomination du médiateur international et ancien ministre libanais de la Culture Ghassan Salamé a fait consensus. Si la mission s’annonce complexe, le nouvel émissaire possède plusieurs atouts pour aborder le dossier.
Armé déjà d’un capital de sympathie chez les Libyens et s’appuyant sur son expérience en tant que médiateur dans la résolution de crises internationales, Ghassan Salamé, le nouvel émissaire onusien pour la Libye, a plusieurs cartes en main.
Il entretient des relations amicales avec plusieurs personnalités politiques en Libye et dans les pays du Golfe, des Etats influents dans le dossier libyen, comme le Qatar, l’Arabie saoudite et les Emirats.
Son expérience internationale lui donne un atout supplémentaire. Il a été conseiller de l’ex-secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan. Dans ce cadre, il a effectué plusieurs missions notamment en Irak et en Birmanie.
Ghassan Salamé est également un ami personnel du secrétaire général actuel de l’ONU, Antonio Guterres, ce qui joue en sa faveur pour cette tâche complexe. D’après nos sources, plusieurs personnalités précédemment approchées avaient refusé la mission.
Les attentes des Libyens sont grandes
Le nouvel envoyé spécial à Tripoli a une profonde connaissance des dossiers de la région et notamment celui de la Libye. Un dossier ne lui est pas étranger car ce n’est pas la première fois qu’il s’y attèle. Il avait déjà initié à Genève, en 2015, une série de dialogues inter-libyens entre les différents acteurs de la crise, ce qui avait été alors considéré comme un succès.
De plus, à Tripoli, la nomination de Ghassan Salamé a suscité une vague d’espoir chez les Libyens. Après l’échec des cinq prédécesseurs, la population croit en les capacités du Libanais pour une sortie prochaine de la crise.
Des politiques et des intellectuels lui ont déjà envoyé des lettres ouvertes pour la réorganisation de la mission onusienne pour la Libye. Une rencontre est prévue entre le nouvel émissaire et Martin Kobler dans les tous prochains jours. Ce dernier terminera sa mission fin juin.
Tâche ardue
Renouer le dialogue, entre les partis libyens, c’est la tâche la plus importante à laquelle doit s’employer dès son arrivée le nouvel émissaire de l’ONU pour la Libye. Car dans ce pays déchiré et proie au chaos depuis 2011, la société est profondément divisée. L’Etat l’est aussi.
Ghassan Salamé doit alors traiter avec les deux gouvernements qui se partagent le pouvoir dans le pays. L’accord politique signé en décembre 2015 au Maroc est toujours en panne et son amendement prévu ne s’est pas concrétisé plus de 18 mois après sa signature.
Dans une Libye, toujours sous la menace de l’organisation EI, il n’est pas facile de réunir tout le monde autour de la table. Et donc il va falloir mettre le maréchal Khalifa Haftar, Saïf al-Islam Kadhafi et les islamistes sur la même table de dialogue national. Ce dialogue doit également inclure la représentation la plus large de la société libyenne, y compris les tribus, pour avoir sa chance de réussir.
La tâche de Ghassan Salamé s’annonce ardue tant la Libye est faite d’appartenances et des sensibilités. Selon des analystes cette mission « sera encore plus complexe pour lui que pour ces prédécesseurs ».
La tâche sera d’autant plus difficile car en plus des défis intérieurs propres à la Libye, il y a les circonstances régionales et la volonté internationale d’en finir avec cette crise. Pour l’heure, résoudre la crise libyenne est devenu une priorité pour l’Union européenne. Cela ne paraît pas le cas des Etats-Unis qui gardent toujours le mystère sur sa vraie position.