Journalistes : Ils sont 533, soit une quarantaine de plus que l’an dernier (488), où l’on enregistrait déjà un niveau historique, selon le bilan annuel de RSF publié mercredi 14 décembre. Le nombre de journalistes tués (57) est également en hausse, notamment à cause de la guerre en Ukraine, alors qu’il était « historiquement bas » en 2021 (48) et 2020 (50).
La République islamique a en effet incarcéré un nombre de professionnels des médias « sans précédent » en 20 ans depuis le début du mouvement de contestation qui a éclaté en septembre. Trente-quatre nouveaux journalistes ont rejoint les treize qui étaient déjà sous les verrous avant le début des protestations.
« Les régimes dictatoriaux et autoritaires effectuent un remplissage accéléré de leurs prisons en incarcérant des journalistes », a dénoncé Christophe Deloire, secrétaire général de l’ONG de défense de la liberté de la presse.
🔴 2022 #RSFRoundUp: Last year’s record has been broken again.
533 journalists are in prison. RSF has also never previously seen so many women journalists in detention. (30% more than a year ago)
More than one journalist was killed every week in 2022https://t.co/ArMIN70cuM pic.twitter.com/r0THgQp9Cd
— RSF (@RSF_inter) December 14, 2022
De plus en plus de femmes
Au sein de ce bilan mondial global, RSF relève un nombre inédit de femmes journalistes emprisonnées : elles sont 78 (contre 60 l’an passé). « Les femmes journalistes représentent désormais près de 15% des détenus, contre moins de 7% il y a cinq ans », selon RSF.
C’est par exemple le cas des Iraniennes Nilufar Hamedi et Elahe Mohammadi, « qui avaient contribué à attirer l’attention sur la mort de la jeune Kurde iranienne Mahsa Amini » et « risquent désormais la peine de mort ». Au total, « l’Iran détient à lui seul 18 femmes journalistes », dont 15 ont été incarcérées depuis le début des manifestations.
L’ONG a décerné lundi son « prix du courage » à l’une de ces femmes journalistes iraniennes, Narges Mohammadi qui, condamnée à dix ans de prison en mai 2015, sera finalement libérée en octobre 2020.
Hommes et femmes confondus, deux régions du monde concentrent trois quarts des prisonniers : « près de 45% des journalistes sont détenus en Asie et plus de 30% le sont au Maghreb et au Moyen-Orient ».
Selon l’ONG, « près de 80% des professionnels des médias tués en 2022 ont été sciemment visés en raison de leur profession et des sujets sur lesquels ils travaillaient », comme « le crime organisé et la corruption ».