Madagascar : Les artistes malgaches vent debout contre le ministère de la Culture. Jeudi, après neuf mois de non-paiement de leurs droits d’auteurs, ils étaient une cinquantaine à dénoncer le traitement qui leur est réservé. Au cœur de la discorde : la gestion de l’OMDA, l’Office Malagasy du droit d’auteur, auquel 7 000 artistes de l’île sont affiliés. Un office aujourd’hui sous tutelle du ministère de la Communication et de la culture
« Je n’ai pas touché mes droits d’auteurs depuis février 2022, comme tous les autres artistes. » Ce producteur et réalisateur de cinéma a fait le déplacement à Antananarivo pour manifester son mécontentement avec ses pairs. « Les droits d’auteurs, ce n’est pas l’essentiel de mes revenus, mais ça peut aider pour être autonome en création, surtout en temps de crise comme en ce moment ! », ajoute-t-il.
Pour les paroliers et les compositeurs, pour qui les droits d’auteur peuvent représenter jusqu’à 40% de leurs revenus, la situation est catastrophique. Mais le problème serait plus profond. « Ce que l’on n’accepte vraiment plus, c’est l’ingérence du ministère de la Culture, vis-à-vis de l’OMDA », dénonce la star de la chanson Samoëla, devenue porte-parole des artistes en colère.
Également membre du conseil d’administration de l’office de gestion des droits d’auteurs, elle dénonce un conflit d’intérêts : « Il y a réellement un conflit d’intérêt puisque l’actuel directeur par intérim nommé par le ministère n’est autre que la personne qui a mené l’audit de l’ancien directeur, dont le résultat a été son limogeage. Par ailleurs, le nouveau directeur, c’est un membre du bureau politique du parti Freedom, le parti politique de Mme la ministre ».
Le comité d’artistes a déposé un projet de loi pour changer les statuts de l’OMDA et demander à ce qu’il soit détaché du ministère. Le texte pourrait être étudié à la prochaine session parlementaire qui s’ouvre la semaine prochaine.
« Un lourd fardeau pour le ministère »
« Cet office, c’est un lourd fardeau pour le ministère. On ne gagne rien, et on dépense 100 millions d’ariarys par an pour financer son budget de fonctionnement. Donc, si l’OMDA n’est plus sous notre tutelle, tant mieux pour nous ! », a réagi l’actuel président du conseil d’administration de l’OMDA et directeur général de la culture, Francis Turbo.
Concernant les impayés, il met en cause un blocage administratif. « Le directeur par intérim n’a pas le pouvoir d’ordonner les décaissements. Il faut attendre la nomination d’un nouveau directeur. Un nom a déjà été proposé en conseil des ministres, mais n’a jusqu’à présent pas encore été validé par décret », explique-t-il sans vouloir préciser l’identité du potentiel successeur.
En revanche, le président de l’institution est formel : Les sommes impayées seront versées à leurs bénéficiaires, rétroactivement, une fois la nomination du nouveau directeur de l’OMDA effective. « On nous accuse d’ingérence, or, conformément à la loi actuelle, c’est à notre ministère que revient la gestion de l’OMDA. Nous sommes donc dans notre droit », conclut-il.