Bamboung : Avec une superficie de 7 000 hectares, l’Aire marine communautaire protégée de Bamboung (Amcpb) est un exemple de réussite de part son système de gestion de ses ressources. Elle polarise 13 villages périphériques et 03 villages insulaires et constitue un des noyaux centraux de la Réserve de biosphère du delta du Saloum (RBDS). Seneweb vous plonge dans cette réserve naturelle où l’Etat et les populations se donnent la main pour son exploitation et sa conservation. Reportage !
Le département de Foundiougne (région de Fatick) possède l’une des Aires marines protégées (AMP) les plus dynamiques au Sénégal. Il s’agit de l’Aire marine communautaire protégée de Bamboung (AMCPB). Avec un système de gestion communautaire (inclusive, partagée) des ressources, cette réserve naturelle s’étend sur une superficie totale de 7 000 hectares. Elle est située dans la commune de Toubacouta et limitée à l’Est par Bolong Bandiala, à l’Ouest par la forêt Kabaye et Kolé et le village Diogaye, au Nord par Bolong Diombos et au Sud par la forêt de Kolé et le village de Sipo. L’AMCP de Bamboung polarise 13 villages périphériques et 03 villages insulaires et constitue un des noyaux centraux de la Réserve de biosphère du delta du Saloum (RBDS). C’est dans le cadre de la mise en œuvre du projet d’appui à la politique d’aires marines protégées du Sénégal à travers la conservation et la mise en valeur durable des mangroves de la Casamance et du Sine-Saloum que la Direction des aires marines communautaires protégées (DAMCP) a organisé une session de formation des journalistes sur le traitement des thématiques relatifs à l’environnement en général et aux Aires marines protégées (AMP) en particulier. Laquelle a été suivie d’une visite d’échange des AMP cibles dudit projet au Bamboung à Toubacouta.
Une approche de gestion fondée sur un partenariat actif
Le conseil rural de Toubacouta a procédé, en 2002, à une délibération faisant du site une Réserve naturelle communautaire (RNC). Cette dernière a été érigée en aire marine protégée en 2004 parmi cinq (5) qui ont été mises en place par décret n°2004-1408 portant création de cinq AMP) dont celle de Bamboung. L’originalité de l’AMP de Bamboung est son caractère « communautaire », avec une approche de gestion qui se fonde sur un partenariat actif entre l’Etat (DAMCP) : conseil, facilitation administrative et technique, surveillance, entre autres ; les communautés locales bénéficiaire des retombées économiques et sociales, et enfin, les partenaires techniques et financiers.
Un site présélectionné sur la base de critères
Le site de Bamboung a été présélectionné sur la base de différents critères, notamment la richesse des peuplements de poisson ; l’abondance (epinephelus aeneus), espèce de mérou emblématique au Sénégal ; la forte pression de pêche ; la présence de lamantins ; la mangrove relativement bien conservée, riche en avifaune et faune terrestre ; la facilité de contrôle du bolong ; et enfin, la valeur esthétique du site.
Un patrimoine naturel riche et diversifié
L’Aire marine communautaire protégée de Bamboung est un patrimoine naturel riche et diversifié. Elle possède d’une vingtaine d’amas coquilliers, 154 espèces de végétaux, 9 grands types d’habitats et de formations végétales, 77 espèces de poissons, 220 espèces d’oiseaux, 16 espèces de reptiles, 3 espèces d’amphibiens, 8 espèces de mollusques et 53 espèces d’insectes.
L’importance des habitats et la flore
Les habitats et la flore constituent une importance capitale au sein de l’AMCPB. En effet, l’écosystème mangrove couvre une superficie de 3506 ha ; les tannes occupent les parties dégradées de la mangrove, étendue de 1238 ha ; les bolongs constituent la zone fluviale de l’AMCP. Ils couvrent 350 ha. La savane, avec 433 ha, est le lieu de refuge de plusieurs mammifères, et les forêts galeries s’entendent sur 38 ha. Ici, la restauration des écosystèmes est la première activité que les parties prenantes mènent.
Une organisation bien structurée
Avec une gouvernance partagée (cogestion), l’Aire marine communautaire protégée de Bamboung est organisée de façon structurelle. Elle possède un conseil d’orientation, un comité de gestion, un conseil des sages, entre autres. Ici, les maîtres mots sont : la transparence et la lisibilité dans les actions ; le fonctionnement des différentes commissions, la définition des rôles, compétences et responsabilités ; l’amélioration du niveau de concertation ; et l’amélioration de la qualité et de l’efficacité.
Cinq stratégies de gestion mises en place
Au sein de l’AMCPB, les parties prenantes ont mis focus sur cinq (05) stratégies de gestion, à savoir : l’aménagement à travers le reboisement (zone mangrove et zone terrestre), l’amélioration de l’hydrologie, l’ouverture du chantier écologique et pédestre, l’aménagement pépinière forestière, le pancartage, la mise en place d’une pépinière d’avicennia et l’immersion de récifs à base de coquillage ; le suivi bio écologique (oiseaux, lamantin d’Afrique, reboisement mangrove et terrestre, paramètres environnementaux et pêche expérimentale) ; la surveillance (3 binômes surveillants communautaires se relaient au mirador toutes les 48 heures et 2 brigades d’agents de l’AMP y effectuent des patrouilles) ; la promotion touristique (ligne téléphonique fixe et connexion internet, 9 cases, cuisine, restaurant, magasin, four à pain, construction de 2 blocs toilette et personnel estimé à 25 agents) ; la promotion d’AGR durable (amélioration de l’aviculture locale, apiculture) ; et enfin, la formation, la sensibilisation et le renforcement de capacité. En termes d’acquis de la conservation, on note une évolution de la biodiversité avec 14 espèces de plus et 64 espèces dans l’AMP contre 15 à l’extérieur.
Une réserve potentiellement touristique
L’Aire marine communautaire protégée de Bamboung est l’un des noyaux de la réserve de biosphère du delta du Saloum et site du patrimoine culturel de l’Unesco. Elle dispose d’un campement communautaire, d’une situation de référence des ressources avec l’appui des instituts de recherche et universités, d’une volonté de la population pour la conservation des ressources naturelles. On note aussi le fonctionnement des organes de gestion, l’appui et l’encadrement à travers les agents, la surveillance communautaire avec base dans l’AMP, et la fermeture à l’exploitation. A ces forces, s’ajoutent l’expérience accumulée dans la gestion des ressources par les organisations et l’implication des autorités dans la gestion.
Malgré tous ces atouts, il y a une absence de statut réglementaire et de modalités de prise en charge pour les surveillants communautaires, une insuffisance des moyens de surveillance et la caducité du règlement intérieur. On note également une absence de manuel de procédures pour le comité de gestion, une limitation des moyens logistiques du service technique (AMP), une absence de postes de garde à l’intérieur de l’AMP, une insuffisance de la vulgarisation des résultats de recherche sur cette aire marine protégée de Bamboung et une absence d’AGR alternatives pour le personnel du campement Keur Bamboung.
Amas coquilliers et Diorom Bu Mack : un site plein d’histoire
L’Aire marine communautaire protégée de Bamboung possède un grand site dénommé Amas coquilliers et Diorom Bu Mack. Il s’agit ici, d’une île artificielle qui, jadis était habitée et servait de lieu de rassemblement des esclaves capturés et transportés à Gorée. Selon le commandant Lamine Kanté, conservateur de l’AMCPB, cette île est pleine d’histoire (plus de 3 000 ans). Ce qui fait de lui l’endroit le plus visité par les touristes à Toubacouta. Avec une succession de coquillages, le site a une hauteur de 12 mètres et 400 mètres de diamètre. Ici, plusieurs fouilles ont été effectuées dont les premières datent de 1939 et les dernières de 2001. Ces fouilles ont permis de trouver des tumulus (tombeaux où on enterre des personnes avec tous leurs bijoux). Au total, 128 tumulus ont été identifiés dans cette île à l’allure d’une montagne où de vieux baobabs surplombent le paysage. Parmi ces tombeaux, certaines personnes ont été identifiées avec tous leurs bijoux, qui sont gardés au niveau de l’Ifan.
Le bolong de Bamboung : le cœur de l’AMP
Le bolong de Bamboung constitue le cœur de l’Aire marine protégée de la zone où 78 espèces de poissons et 8 espèces de mollusques y ont été recensées. Long de 15 kilomètres et jalonné de mangroves de part et d’autre, ce bolong est l’endroit de reproduction des poissons, selon le commandant Lamine Kanté. Il est intégralement fermé à la pêche mais l’exploitation de coquillages y est autorisée, qui est organisée pendant 3 mois avec l’appui du comité de gestion de l’AMP.