Hardware : Qui dit nouvelle année dit nouvelle vague hardware. A quoi ressemblera 2023 dans le milieu de la tech ? C’est à cette question que nous allons tenter de répondre.
Enfin, est-ce encore possible du moins ? Pour certains, le hardware est dans un creux de vague. Les grandes tendances ont déjà portées leurs fruits, quand les promesses tenues n’ont finalement pas été à la hauteur des attentes. On peut penser à la 5G, qui n’a finalement pas eu grand impact sur notre quotidien, ou la réalité virtuelle qui est restée de niche malgré les étoiles dans les yeux de ses fervents défenseurs. Certains sont même en train de démêler quelques affaires en justice qui ont toutes les chances de perdurer en 2023.
Les consoles libres à l’assaut du gaming
Il y a eu un avant et un après Switch. La dernière console de Nintendo a prouvé l’intérêt du grand public pour un appareil de jeu vidéo mobile performant, qui a le principal intérêt de se placer au centre des usages. Mobile ? Check. Tabletop ? Check. TV ? Check. Cette démonstration n’a laissé personne indifférent, comme l’a prouvé le succès commercial du produit, et a influencé depuis 2017 la création d’une vaste concurrence.
2023 devrait être l’année où le Steam Deck va rencontrer ses rivaux. D’une manière plus globale, plus large, avec des noms plus connus du grand public. Sans aller contre les efforts d’un Ayaneo qui a tenté, avec sa Air, de répondre à quelques problèmes rencontrés sur le Steam Deck, il n’a pas tout à fait la réputation et la structure pour lutter contre Valve. Ce qu’on attend vraiment ? Que des constructeurs comme Alienware, qui avait déjà réfléchi à des concepts similaires, et Asus ROG se lancent dans l’arène également.
Pour cela cependant, il faudra quelques évolutions. D’un côté, on peut espérer que Valve mette à disposition dès cette année son SteamOS 3.0, de manière à laisser les constructeurs profiter de son univers logiciel. De l’autre, peut-être faudrait-il également que Windows 11 s’adapte à ce nouvel écosystème naissant, peut-être en réadaptant l’interface Xbox pour ses PC. Quoi qu’il en soit, les SoC AMD sous RDNA 3 auront tout ce qu’il faut pour faire grandir ce marché. Il ne manque plus plus que des acteurs voulant se frotter à Valve et à son usine à gaz, même si d’autres préfèrent miser sur une plate-forme déjà bien installée…
Il y a 5 ans, le grand public découvrait le ray tracing par le biais des premières cartes Nvidia RTX. Il y a 3 ans, un plus grand nombre de consommateurs ont ouvert les yeux sur cette technologie en en profitant sur les toutes dernières consoles de jeux vidéo, les PS5 et Xbox Series X. Et en 2023 ?
Cette année, ce sera au tour du mobile de profiter de cette nouvelle technologie. Qualcomm a déjà annoncé son plan en présentant le Snapdragon 8 Gen 2, qui s’équipera d’un nouveau GPU capable d’accélération matérielle pour les tâches de ray tracing. Son rival plus accessible, MediaTek, a lui aussi fait la même promesse en présentant son dernier Dimensity 9200, qui profitera du GPU ARM Immortalis G715.
Preuve en est que le jeu vidéo est toujours plus sérieux pour le mobile, qui ne cesse d’accueillir des titres de plus en plus beaux et prenants, comme Genshin Impact, Fortnite, Brawlhalla ou encore Tower of Destiny, dont la philosophie est d’être multi-plate-forme. Absolument multi-plate-forme. Les OS mobiles habituels que sont iOS et Android sont autant supportés que les consoles PlayStation/Xbox ou les PC. Les barrières entre les plates-formes sont définitivement tombées entre Microsoft, Nintendo et Sony en 2022, et ce mouvement profite aux smartphones et tablettes. Ce sans compter sur le cloud gaming qui a donné naissance à des joueurs sans frontières.
On l’a également observé sur le hardware. A l’image de Valve et de son Steam Deck, Razer est arrivé sur un marché mobile jusque-là dominé par les humbles acteurs chinois des plates-formes de crowdfunding pour légitimer une nouvelle catégorie de produit : les consoles sous Android. Sa Razer Edge, qui sera disponible aux Etats-Unis au premier trimestre 2023, fait le pari de fusionner jeu mobile, jeu en remote play et cloud gaming sur un seul et même produit. Un pari déjà réalisé à plus petite échelle par des acteurs comme Retroid, AYN ou encore GPD, et qui a payé pour créer un secteur de niche. 2023 pourrait être l’année où le grand public découvrira massivement ces nouvelles consoles.
Meta contre Apple, le vrai avènement de la VR ?
À la fin de l’année 2021, Facebook Inc est devenu Meta. Mark Zuckerberg a clairement entériné sa vision du futur du Net, dont les grands principes seraient totalement intégrés à la réalité virtuelle, et son ambition d’en être le grand manitou. Mais en 2022, après un avatar du créateur de Facebook à la qualité discutable et une présentation mollassonne de son Horizon Worlds, il faut avouer que la confiance n’est plus là. L’entreprise perd de l’argent qu’elle ne gagne pas le moins du monde sur ce projet, et la confiance qu’avait réussi à acquérir Oculus auprès de sa niche d’utilisateurs tend à s’amenuiser.
Mais 2023 est une nouvelle année. Et il est indéniable qu’aujourd’hui, le produit VR qui a su le plus captiver le grand public n’est autre que l’Oculus Quest 2. Le Meta Quest 3 devrait pointer le bout de son nez en fin d’année, laissant le temps à Meta de véritablement développer sa vision avant de convaincre par l’exemple et l’usage. On sait déjà que le prochain casque sera naturellement plus puissant, mais la principale curiosité sera surtout de voir si le constructeur va bien déployer ses gants pour la VR.
Sur le secteur professionnel, il est vrai que là encore, Meta doit convaincre. La sortie de son casque Meta Quest Pro n’a pas vraiment bouleversé le marché, mais on peut également le voir comme un produit test pour convaincre les entrepreneurs de créer des expériences plus poussées sur sa plate-forme. Cette place pourrait cependant lui être volée par un acteur à l’impact souvent plus significatif sur le hardware…
Ce ne serait plus le cas. On parle cette année plutôt d’un casque de réalité mixte, qui mettrait en avant le savoir-faire d’Apple tout comme sa propension à la bizarrerie. Par exemple, il serait capable de régler automatiquement la distance de ses lentilles pour optimiser le confort de l’utilisateur, mais le forcerait également à le relier à une batterie qu’il faudrait clipper à sa ceinture. Apple qui fait du Apple, donc.
2023 est une bonne année pour la sortie d’un casque VR/AR en provenance de la firme de Cupertino. Elle a après tout amassé des tonnes d’expériences de réalité augmentée grâce à l’intégration de son LIDAR sur les iPad Pro et les iPhone, depuis les 12 Pro et Pro Max. C’est aussi sans compter sur le fait que le marché de la VR/AR a besoin à présent d’un duel technologique pour évoluer. Meta a besoin d’un concurrent aussi fort que lui. Et Apple ne débarque sur un marché que lorsqu’il est techniquement mûr, ce qui est bien le cas désormais.
Consommation d’énergie avant puissance
Les attentes des consommateurs hardware ont quelque peu évolué au cours de l’année 2022, et cette tendance devrait s’exprimer plus fortement en 2023. Laquelle ? Celle de privilégier une consommation d’énergie amoindrie face à un regain de puissance phénoménal.
Il faut dire que le temps où l’ordinateur portable était au centre des usages est derrière nous : le smartphone est roi, et a mis naturellement en avant les puces ARM et leur capacité à porter haut les couleurs du rapport performances/Watt. Cela ne s’est pas fait sans effort, puisque Qualcomm et ses Snapdragon ont lutté bien longtemps pour prouver l’intérêt des puces basse consommation, et ce même pour les ordinateurs sous Windows. Il aura hélas fallu, comme trop souvent, qu’Apple se lance dans la course avec les M1 et M2 pour que le grand public prenne conscience de la tendance.
Aujourd’hui, le débat est né sur toutes les catégories d’appareil. Le dernier exemple le plus probant a été observé lors de l’annonce de la Nvidia GeForce RTX 4090 : si ses capacités ont ravi l’auditoire, il est indéniable que sa consommation électrique pouvant aller jusqu’à 450 W a fait lever de nombreux sourcils.
Mais le plus marquant a été la réponse de son concurrent AMD, qui s’est empressé de se glisser sur ce segment marketing pour présenter ses Radeon RX 7900 XTX et XT. L’un de ses plus grands arguments a effectivement été sa consommation, restée à un maximum de 355 W et optimisée sur les tâches médianes. Le CES 2023 à peine lancé, Nvidia a dévoilé sa GeForce RTX 4070 Ti, auparavant connue sous le nom de GeForce RTX 4080 12 Go, dont le message a lui aussi évolué : elle souligne maintenant le fait de retrouver des performances égales à une RTX 3090 Ti pour une consommation moindre.
Après le recyclage des composants, le mouvement vert et écologique de 2023 dans la tech semble s’intéresser à réduire la consommation des appareils. Ce qui est loin d’être un mal en considérant ces temps de sobriété. Mais plus qu’être imposée, elle semble ici voulue par une bonne frange des consommateurs qui revendiquent vouloir retrouver une balance éthiquement acceptable entre puissance et consommation. Gageons donc qu’en 2023, les constructeurs y répondront bien vite avec de nouveaux produits mettant en avant cette philosophie.