En Libye, rien ne filtre encore sur la destination de Saïf al-Islam Kadhafi après son départ ce vendredi de Zintan où il était détenu en 2011, puis mis en liberté conditionnelle depuis juillet 2016 sans pouvoir quitter cette ville montagneuse au nord-ouest de la Libye. Sa libération, par la brigade Abou Baqr al-Sadiq remet en lumière la relation existante entre le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, et plusieurs brigades de Zintan qui déclarent leur appartenance à la direction générale de l’Armée nationale libyenne (ANL).
Pour le porte-parole de l’armée libyenne, la libération de Saïf al-Islam s’appuie sur une décision d’amnistie générale du Parlement de Tobrouk. Une décision, précise-t-il, encouragée par l’armée, ce qui veut tout dire. Entre le camp de Haftar et des brigades de Zintan, les contacts n’ont jamais cessé.
Pour comprendre la situation, il faut revenir à 2014, lorsque la brigade Abou Baqr al-Sadiq, la plus grande des brigades militaires de Zintan (réputée par le courage de ces hommes dans le passé face aux occupants italiens), s’est opposée à l’opération Fajr Libya « L’Aube de la Libye », conduite à Tripoli, par les islamistes de Misrata. La brigade déclare alors son appartenance à la direction générale de l’Armée nationale libyenne (ANL) que dirige le maréchal Khalifa Haftar et aurait refusé des millions de dollars proposés par le Qatar pour changer sa position.
Mais Zintan, sous pression, se trouve aujourd’hui divisée, à l’image du pays, même si ses 35 000 habitants amazighs sont dans leur majorité contre les islamistes. Un autre courant existe au sein de Zintan qui obéit au gouvernement d’union nationale et qui donc refuse l’agissement de la brigade dirigée par le colonel Ajmi al-Atiri. D’ailleurs, cette brigade qui a libéré Saïf al-Islam est défaite depuis hier lundi, sur ordre du dirigeant militaire de l’Ouest libyen, Idriss Madi, originaire de Zintan lui-même.
rfi.fr