ONG Bloom : Le 5 septembre dernier, TotalEnergies a déposé auprès des autorités sud-africaines une demande de licence d’exploitation pour deux blocs. Il s’agit d’un projet d’investissement de trois milliards de dollars.
Les autorités sud-africaines ont attesté de la réception de la demande de TotalEnergies faite le 5 septembre dernier. Deux blocs gaziers sont concernés sur la côte Est de l’Afrique du Sud. Les consultations sud-africaines sont ouvertes jusqu’au 20 janvier 2023, mais ce nouveau projet d’extraction sur le continent fait déjà monter au créneau les militants environnementaux en Afrique du Sud et en France.
Si la licence était attribuée, il s’agirait d’un précédent dangereux, estime Claire Nouvian, fondatrice de l’association environnementale Bloom. « Il y a un danger qui est le danger du précédent. Jusqu’à présent, toutes les autres entreprises pétrolières attendaient deux choses : voir s’il était techniquement possible d’exploiter à de si grandes profondeurs dans des zones avec autant de courant et avec des conditions météorologiques aussi difficiles. La deuxième chose était de voir si le gouvernement sud-africain allait délivrer ou non les permis de production. On voit bien qu’à partir du moment où on ouvre la porte, toute l’industrie pétrolière mondiale s’engouffre. Il est donc strictement fondamental d’empêcher Total d’obtenir ce premier permis », a-t-elle lancé lors d’une conférence de presse ce lundi.
Aux côtés de Bloom et de l’organisation sud-africaine The Green Connection figuraient aussi des parlementaires français. « En tant que député européen, quand une entreprise lance une telle bombe climatique, nous devons être présents parce qu’il s’agit de relayer également la parole des Sud-Africains, et notamment des petits pêcheurs qui vont être confrontés à ce type de projet, a ainsi expliqué l’eurodéputé Raphaël Glucksmann. Lorsqu’on fixe des objectifs en tant que député européen sur des réductions des émissions de gaz à effet de serre à 20, 30, 40 ans, on ne peut plus supporter ce type de méga-projet qui nous lie les mains climatiquement pendant des décennies. La puissance publique prend des engagements et derrière, des puissances privées immenses comme Total font l’exact inverse. »
La zone concernée est riche d’une grande biodiversité et se situe sur la route de migration des baleines. Les communautés locales s’inquiètent des possibles impacts de l’extraction sur la pêche et leurs pratiques culturelles liées à la mer. Un projet d’exploration sismique initié par Shell a par ailleurs été suspendu en fin d’année dernière par la justice sud-africaine, suite à des actions menées par des ONG environnementales et les communautés locales.