Mali : Les représentants de la chaîne de télévision ont été convoqués ce lundi matin par la Haute Autorité de la communication (HAC) qui exigeait des explications sur un éditorial diffusé le 30 septembre dernier, dans lequel le directeur de l’information de la chaîne s’inquiète du danger menaçant la liberté d’expression au Mali.
L’organe officiel de régulation des médias considère les propos comme des « manquements ». Beaucoup, et en premier lieu les journalistes de Joliba TV News, craignent de possibles sanctions contre la chaîne. « Nous avons expliqué que nous faisions notre métier, c’est tout », indique un dirigeant de la chaîne Joliba TV News, qui n’était pas personnellement présent lors de la convocation. « Nous donnons la parole à tous, des opposants comme des partisans des autorités. Nous ne sommes pas dans une logique de déstabilisation. C’est ce que nous leur avons dit », détaille-t-il.
Dans sa lettre de convocation, la Haute autorité malienne de communication déplorait que le programme L’éditorial de Joliba TV faisait « souvent usage d’expressions à forte connotation péjorative » au sujet des autorités de transition. « Nous avons rappelé l’importance et la nature de cet exercice journalistique. Un édito, ce n’est pas un reportage qui s’en tient aux faits. C’est un genre qui peut faire de l’opinion, de la dérision ou de la provocation. Et nous tenons beaucoup à cet éditorial sur notre chaîne ! », poursuit ce cadre de la chaîne malienne.
L’éditorial incriminé, diffusé le 30 septembre dernier, interpelait directement la HAC – ce qui l’avait apparemment froissée – sur les menaces pesant sur la liberté d’expression au Mali. Là encore, les dirigeants de Joliba TV ont tenté de s’expliquer. « Certains invités refusent de venir sur notre plateau parce qu’ils ont peur d’être arrêtés ou lynchés sur les réseaux sociaux. C’est sur cela que nous avons voulu alerter la Haute Autorité. »
Les arguments présentés ce matin avaient fait l’objet dès vendredi dernier, deux jours après la convocation adressée aux dirigeants de la chaîne, d’un courrier de réponse détaillé adressé à la HAC.
C’est la seconde fois que Joliba TV est inquiétée par la HAC. Elle avait déjà fait l’objet d’une mise en demeure, en août dernier, après avoir diffusé une interview de l’ancien ministre Tiéman Hubert Coulibaly qui s’exprimait alors d’Abidjan, au sujet du mandat d’arrêt international que les autorités maliennes de transition venaient d’émettre à son encontre.
Craignant une suppression de l’émission, voire une coupure de l’antenne, de nombreuses voix se sont élevées ces derniers jours pour soutenir Joliba TV. Plusieurs journaux maliens, le Groupe patronal de la presse du Mali ou encore des organisations de journalistes ouest-africains ont publiquement fait part de leur inquiétude. Côté politique, l’ancien Premier ministre Moussa Mara a rappelé l’importance de la liberté de la presse et de la liberté d’opinion, sans lesquelles « toutes les dérives sont possibles et le pays serait dans l’abîme. »
Sollicitée par RFI, la HAC n’a pas donné suite. Sa réponse est attendue d’ici la fin de la semaine.