Les vidéos qui parviennent du Bangladesh, après un peu moins d’une semaine d’isolement numérique, sont extrêmement préoccupantes. Sur certaines, on voit des policiers qui tirent sur la foule au fusil d’assaut AK-47, sur d’autres, des cadavres gisant dans les décombres, ou encore un crâne en lambeau comme coupé en deux dans une mare de sang.
Ce jeudi, l’ONU a demandé au Bangladesh de « divulguer d’urgence tous les détails de la répression des manifestations » récentes, offrant son soutien à la mise en place d’une « enquête impartiale, indépendante et transparente » sur les violations présumées des droits humains. « Nous comprenons que de nombreuses personnes ont été victimes d’attaques violentes de la part de groupes apparemment affiliés au gouvernement, et qu’aucun effort n’a été fait pour les protéger », a dénoncé le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, dans un communiqué.
« En plus des victimes lors des manifestations et des émeutes, nous entendons qu’il y a eu des arrestations, souvent niées par la police. Nous sommes très inquiets car les forces de sécurité du Bangladesh ont déjà commis des actes similaires dans le passé, elles se sont livrés à de la torture, à des arrestations arbitraires, à des disparitions forcées, à des exécutions extrajudiciaires », a réagi de son côté Meenakshi Ganguly, vice-directrice Asie pour Human Rights Watch, au micro de Nicolas Rocca du service international.
« Plus de 160 personnes ont été tuées lors d’affrontements entre des étudiants et d’autres manifestants et les forces de sécurité au Bangladesh. Des étudiants qui protestaient pacifiquement contre les quotas d’attribution d’emplois ont été attaqués par des partisans du gouvernement et par les forces de sécurité, ce qui a déclenché des affrontements meurtriers », peut-on lire sur le compte X de Human Rights Watch.
« Beaucoup de décès ne sont pas recensés »
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Elle craint que le bilan humain soit nettement supérieur aux estimations actuelles. « La plupart des morts et des blessés sont dus aux forces de l’ordre qui ont tiré à l’aveugle et fait un usage excessif de la force contre les manifestants. À l’avenir, il devra y avoir plus d’enquêtes, car les nombres que nous avons dépendent de ce que les journalistes peuvent obtenir des hôpitaux ou de la police. Mais de ce que l’on entend sur place, beaucoup de personnes sont mortes en dehors de la capitale, et ces décès ne sont pas recensés. »
Meenakshi Ganguly estime que sans pression de la communauté internationale, les autorités bangladaises n’auront pas la volonté politique de faire la lumière sur ces morts.
L’ONU demande une enquête sur la «répression» au Bangladesh (rfi.fr)