Paludisme :La lutte contre le paludisme était au cœur d’un grand événement cette semaine à Kigali. Plus de 500 scientifiques africains se sont réunis dans la capitale rwandaise à l’occasion de la huitième conférence de l’Association panafricaine de lutte anti-vectorielle (PAMCA). Objectif : trouver des pistes pour mettre fin à ce fléau qui touche l’Afrique subsaharienne de manière disproportionnée, selon l’OMS. Le Dr Mgaywa Magafu, chargé du vaccin antipaludique au sein de l’Organisation mondiale de la santé, fait le point au micro de RFI.
RFI : Parmi les pistes évoquées lors de cette conférence, il y a l’idée surveiller l’absorption de sucre par les moustiques, vecteurs de la maladie, et de décrypter leurs génomes afin de mieux comprendre leur biologie pour ensuite les éradiquer. Des outils qui s’accompagnent de l’utilisation d’un vaccin antipaludique, le RTS,S. Déjà distribué au Kenya, au Malawi et au Ghana, il sera bientôt administré dans d’autres pays africains. Cette initiative suscite l’espoir. Mais sera-t-elle en mesure d’endiguer le paludisme ?
Dr Mgaywa Magafu : Le vaccin RTS,S est une bonne solution. Dans les trois pays où il a été distribué, plus d’un million d’enfants l’ont déjà reçu. Et plus de 3 millions de doses ont déjà été administrées aux enfants. Les résultats montrent que le vaccin est sûr et efficace. Maintenant, nous aidons le Kenya, le Malawi et le Ghana à déployer la distribution du vaccin à d’autres régions. Nous prévoyons un dispositif plus large dans ces trois pays d’ici la fin de l’année ou le début de l’année prochaine.
Quels sont les autres pays où la vaccination pourrait être déployée ?
Plus de 23 pays nous ont exprimé leur intérêt pour le vaccin RTS,S: par exemple le Burundi, le Cameroun, la RDC, le Niger, le Nigeria, la Tanzanie ou encore la Zambie. En ce moment, nous aidons ces pays-candidats à préparer leurs demandes de financement auprès de GAVI, l’Alliance pour les vaccins, afin qu’ils puissent introduire et déployer le RTS,S chez eux rapidement.
Et un autre vaccin, le R21, lui, suscite aussi l’espoir…
Les résultats sont encourageants et prometteurs. A l’OMS, nous attendons avec impatience la fin des trois premiers essais cliniques sur un groupe d’enfants pour voir si ce vaccin candidat, le R21, est sûr et efficace. Il est important de comprendre la durée de protection qu’il pourrait offrir. Nous ne sommes pas encore arrivés à ce stade. En tout cas, ce serait une évolution majeure et bienvenue si ce vaccin était un succès. Car la demande est très, très élevée. Et le fait d’avoir un deuxième vaccin contre le paludisme serait une bonne chose.
Sur la lutte contre le paludisme, êtes-vous optimiste, est-ce qu’on fait vraiment assez pour y mettre fin?
Les données montrent que la lutte a reculé par rapport à 2014, car il y a eu une stagnation au niveau des investissements. Et la pandémie de Covid-19 a aussi eu un impact négatif car elle a freiné les investissements. Maintenant que nous sortons de la pandémie, nous devons faire plus, et j’appelle les différents décideurs à ne pas considérer le paludisme uniquement comme un problème de santé, mais plutôt comme un problème de développement. Si nous devons sortir les gens de la pauvreté, nous devons investir dans l’effort visant à éliminer la maladie et, à terme, à l’éradiquer de la planète.