À Madagascar, suite à l’annonce le 9 novembre 2023 de la demande de suspension du processus électoral par la présidente de l’Assemblée Nationale, la plateforme de médiation dirigée par la cheffe de la chambre basse et le conseil des églises chrétiennes a appelé « toutes les forces vives de la nation » à se réunir ce vendredi matin.
Plus 700 personnes d’horizons différents ont répondu présentes. La concertation a duré six heures et s’est achevée à la mi-journée. « Il est urgent, urgent, urgent de prendre une décision et pour cela nous vous faisons passer une pétition pour récolter des signatures et c’est ce qui fera notre force », a déclaré Christine Razanamahasoa, la présidente de l’Assemblée nationale, face à un parterre de participants.
Anciennes personnalités politiques, notables, « sages » et figures reconnues du pays, forces religieuses et traditionnelles, organisations de la société civile, syndicats, représentants des femmes, des jeunes… Tous ici sont d’accord sur une chose : il faut absolument suspendre l’élection dont le premier tour est prévu le 16 novembre.
Une résolution présentée à la Ceni
Les différentes personnalités se sont succédé à la tribune montée à la hâte dans la cafétéria de l’Assemblée nationale, pour exprimer leur avis sur l’impossible tenue de l’élection.
Une pétition a circulé et les organisateurs ont procédé au comptage des signatures. Plusieurs centaines ont été récoltées. Les signataires exhortent les autorités à accepter la suspension du processus et le report de date.
Après six heures de discussion, et un vote à main levée, la décision tombe : les élections doivent être reportées pour en préparer d’autres, « propres et acceptées par tous ». Une résolution est prise. À la fin de la séance, la présidente a annoncé face à la presse officiellement que « les participants ont décidé de demander le report de l’élection présidentielle qui doit se tenir le 16 novembre ». « Nous n’avons rien créé, nous n’avons fait que transcrire, le souhait élémentaire de toutes les personnes. La tenue de ces élections le 16 relève du non-sens » a rappelé le juriste international Raymond Ranjeva. La résolution devrait être présentée ces prochains jours à la Ceni, aux instances décisionnaires du pays.
Hors de question pour Andry Rajoelina
Hors de question, a fait savoir Andry Rajoelina, en meeting à l’autre bout du pays. « Ceux qui n’avancent pas, n’avancent pas ! Nous nous sommes prêts à changer l’histoire de Madagascar le 16 novembre prochain ! » Une déclaration qui s’ajoute à celles des sénateurs et députés de son parti qui ont, eux aussi, réfuté toute idée de report de l’élection présidentielle.
Vendredi soir, le gouvernement a « condamné avec la plus grande vigueur la tentative de coup d’État institutionnel orchestrée par la présidente de l’Assemblée nationale, manœuvrant de façon fallacieuse et irresponsable avec certaines organisations et personnalités politiques de l’opposition pour suspendre le processus électoral en cours » et enjoint la population à se rendre massivement aux urnes pour effectuer « son devoir de citoyen. »