Ses clichés ont fait le tour le monde. Et pourtant, à chaque nouvelle exposition, c’est une redécouverte. Pierrot Men, le photographe malgache «s’expose» à nouveau. Et c’est à l’Institut français de Madagascar (IFM) qu’il offre au public près de 400 clichés inédits, fruit d’un travail de 40 ans de photographie. La rétrospective «Camera Secreta» est à découvrir jusqu’au 15 juillet dans le hall de l’IFM. Rencontre avec l’artiste en pleins préparatifs de son exposition.
Il est l’un des artistes malgaches les plus connus au monde. L’oeil de Pierrot Men voit juste, voit authentique. Et fait mouche. Avec « Camera Secreta », le photographe nous plonge une nouvelle fois dans son univers, définitivement tourné vers l’humain. « J’ai fait quand même une quarantaine d’années de photos à Madagascar, et c’est quarante ans d’images, elles sont toutes dans les tiroirs. Alors je me dis : « C’est le moment de les montrer toutes ». Celles qui sont sur les murs, ce sont des images qui n’ont jamais été montrées … »
Quelques 70 clichés en noir et blanc accrochés aux murs de l’Institut français de Madagascar, plus de 300 autres qui défileront sur des écrans, Pierrot Men n’est pas avare et offre à voir certaines photos qui datent de 1974, et d’autres, plus récentes.
« Je peux vous montrer les toutes dernières, confie-t-il. Cette femme-là, par exemple, avec son bébé dans l’eau, elle date de même pas un mois. Et celle-là, c’était il y a à peine deux ou trois mois. C’était près d’Antsirabe. L’église était pleine. Et c’était tellement plein que il n’y avait plus de place pour s’asseoir alors ces deux enfants se sont assis sur cette tombe. Et ça me rappelle le poème de Jean-Jacques Rabemananjara. Je vais vous le lire : « De la lune à la Hamad, invoquons le flambeau. Allons prier ma sœur sur le tombeau » »
La lune, le flambeau, pour Pierrot Men, « l’essentiel est dans le partage », la mise en lumière de ses photos et de ses personnages. Pour pouvoir « continuer, encore et encore, à travailler et exister ».
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