Au Mali, après le Royaume-Uni, c’est la Côte d’Ivoire qui va retirer progressivement ses soldats de la Minusma. Les deux pays cesseront de contribuer à la force onusienne de maintien de la paix, et ils cesseront de le faire plus tôt que prévu. Ces deux retraits en annoncent-ils d’autres ? Que disent-ils de l’avenir de la Minusma et de ses plus de 13 000 Casques bleus au Mali ?
Les retraits du Royaume-Uni et de la Côte d’Ivoire ne sont qu’une demi-surprise. Ils surviennent plus tôt que prévu et constituent clairement une rupture avec les autorités de Bamako, mais après une série de précédents récents.
Niagalé Bagayoko, présidente du Réseau africain pour le secteur de la sécurité (ASSN) : « On a eu une annonce en ce sens de la Suède, une menace de l’Allemagne. Les Égyptiens avaient également momentanément suspendu leur participation. Il est possible que d’autres contingents décident de se retirer. »
La force française Barkhane a elle-même quitté le Mali cet été. Son retrait a été annoncé en février et s’est achevé en août. Techniquement, les autorités maliennes de transition ne l’ont jamais expulsée, mais elles avaient créé des conditions inacceptables pour Paris, rendant sa présence impossible. Notamment en remettant en cause les accords de défense liant les deux pays, et en recourant à des supplétifs russes déployés aux côtés des forces nationales. Ces derniers sont qualifiés de mercenaire du groupe Wagner par Paris, ce que Bamako dément.
Même scénario ?
Ce même schéma est-il en train de se reproduire pour la Minusma et particulièrement pour sa partie militaire ? « Le Mali a fait connaître ses réserves quant à certains points du mandat, se réservant notamment le droit de ne pas donner accès à certaines des requêtes de la Minusma, notamment concernant les droits de l’homme. Il est assez difficile de savoir dans quelle mesure les autorités souhaitent réellement le maintien de cette force dont elles ont veillé à restreindre les capacités d’intervention », estime Niagalé Bagayoko.
Le mandat de la Minusma a été renouvelé en juin, pour un an. D’ici janvier 2023, dans moins de deux mois, la mission onusienne a prévu d’élaborer un rapport d’étape qui est censé évaluer sa capacité à se déplacer et à travailler de manière efficace au Mali.