Mali : L’inquiétude des journalistes grandit au Mali après la suspension pour deux mois de Joliba TV. La chaîne, très suivie, a été sanctionné pour un éditorial diffusé le 30 septembre et qui s’inquiétait, justement, des dangers menaçant la liberté d’expression au Mali. Plusieurs organisations de presse maliennes ont condamné cette décision.
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Il est des contextes où la solidarité exige du courage. L’Union des journalistes reporters du Mali « condamne avec la dernière rigueur » une « décision sévère » et invite la Haute autorité de la communication à la « reconsidérer ». L’organisation « exprime sa vive préoccupation » pour « le respect de la liberté d’expression en cette période de transition » et appelle Bamako « à considérer les voix discordantes de la presse comme une contribution à la réussite de la transition ».
De son côté, le groupe patronal de la presse écrite fait part de sa « stupeur » et « s’insurge » contre une sanction qui « traduit un net recul des acquis démocratiques » et « une intolérance notoire ». L’organisation patronale de presse malienne dénonce « des méthodes répressives d’un autre âge » et redoute « les germes d’un musèlement du monde médiatique dans son ensemble ».
Hors micro, de nombreux journalistes maliens font part de leur écœurement, mais rappellent que leurs craintes ne sont pas nouvelles : beaucoup s’autocensurent déjà depuis des mois, sur les sujets touchant à l’armée ou aux autorités de transition, par peur d’être arrêté, agressé dans la rue ou sur les réseaux sociaux, ou de voir leur média suspendu. Comme Joliba TV depuis le jeudi 3 novembre, et pour une durée de deux mois, ou comme RFI et France 24, coupés au Mali depuis mars dernier.
Sollicitée par RFI, la Haute autorité de la communication n’a pas donné suite.
Noël Yao, président de l’Union des journalistes de la presse libre africaine
« Un organe de presse qui est fermé, c’est une voix qui s’éteint et c’est une opinion qui s’estompe. Je crois savoir que l’on veut réformer l’État du Mali dans le sens de la démocratie. Or, celle-ci comporte bien évidemment la liberté d’expression et la liberté de la presse. Il faut procéder à une sorte de désescalade pour que la liberté d’expression et la liberté de la presse puissent s’exercer dans l’État du Mali. C’est une décision effrayante et un signal qui n’est pas positif, qui va dans le sens du musèlement. Évidemment qu’un tel signal peut intimider, menace vraiment tous les journalistes du Mali, et ne peut que susciter la réprobation de tous ceux qui sont attachés à la liberté d’expression et à la liberté tout court ! ».