Les travaux de la commission d’enquête sur le trafic de drogue à Maurice connaissent un nouveau rebondissement. Ils s’intéressent désormais aux liens de certains avocats avec les milieux de la drogue. Présidée par un ex-juge réputé intraitable, cette commission s’intéresse pour l’heure à une douzaine d’avocats, dont certains sont députés de la majorité. Le déballage ne fait que commencer.
Jamais a-t-on assisté à une telle confrontation entre gens de robe dans une enquête sur la drogue. Une avocate, députée de la majorité, a vu ses appels téléphoniques et ses visites à des détenus liés au trafic de drogue passés au crible par la commission. Elle a fondu en larmes lors de son audition.
Les enquêteurs ont convoqué pour l’heure une dizaine d’avocats, dont l’un est vice-président de l’Assemblée nationale et un autre président du régulateur des jeux d’argent à Maurice. Ils s’intéressent aussi à l’enrichissement rapide de jeunes avocats.
Si le lien entre les trafiquants de drogue et leurs représentants légaux n’est pas fait, par contre, ces travaux mettent en lumière les travers de la profession. Des pratiques qu’un trafiquant de drogue, condamné pour 35 ans, est venu dénoncer devant la commission. « Les avocats me considéraient, dit-il, comme une machine à sous. »
Des révélations devenues un feuilleton médiatique, alors que dans la rue les rumeurs bruissent sur les pratiques de certains hommes de loi. En s’intéressant de près aux liens des avocats avec les trafiquants de drogue, la commission d’enquête brise un tabou. Elle espère que la profession légale brisera, pour sa part, l’omerta.