Melania Trump soutient fermement le droit à l’avortement dans ses mémoires à paraître mardi, selon The Guardian. L’ex-Première dame contraste avec son époux Donald Trump, qui considère que chaque État doit être libre de décider lui-même d’éventuelles restrictions concernant l’avortement. Après avoir pris la parole pour assumer ses nus pendant sa carrière de mannequin, elle écrit : « Il est impératif de garantir aux femmes l’autonomie de décider de leur préférence quant au fait d’avoir des enfants, en fonction de leurs convictions personnelles ». Les femmes doivent être « libres de toute intervention ou pression de la part du gouvernement », insiste l’épouse du candidat républicain.
Un soutien indéfectible au droit à l’avortement
« Les désaccords politiques occasionnels entre mon mari et moi font partie de notre relation, mais je pensais qu’il valait mieux les aborder en privé plutôt que de le défier publiquement », écrit Melania Trump dans ses mémoires. Toujours selon le Guardian, elle exprime plus loin dans son livre des opinions sur l’avortement, ainsi que sur les droits reproductifs, diamétralement opposées à celles de son mari et du parti républicain. Melania Trump affirme que ses convictions sur le droit à l’avortement découlent d’« un ensemble de principes fondamentaux », au cœur desquels se trouvent « la liberté individuelle » et « la liberté personnelle », sur lesquelles il n’y a « aucune place pour la négociation ». Melania Trump défend également le droit à l’avortement plus tard dans la grossesse. Elle écrit : « Il est important de noter qu’historiquement, la plupart des avortements pratiqués pendant les derniers stades de la grossesse étaient le résultat d’anomalies fœtales graves qui auraient probablement conduit à la mort ou à la mortinatalité de l’enfant. Peut-être même à la mort de la mère. Ces cas étaient extrêmement rares et se produisaient généralement après plusieurs consultations entre la femme et son médecin. En tant que communauté, nous devrions adopter ces normes de bon sens. »
Son comportement dénote par rapport aux habitudes trumpiennes. « De nombreuses femmes choisissent l’avortement en raison de problèmes médicaux personnels, écrit-elle. Ces situations aux implications morales importantes pèsent lourdement sur la femme et sa famille et méritent notre empathie. Considérez, par exemple, la complexité inhérente à la décision de savoir si la mère doit risquer sa propre vie pour donner naissance. » Des reportages récents ont mis en lumière des cas de femmes décédées dans des États où l’avortement est interdit.
Trump, monarque contre les droits reproductifs
Depuis que l’arrêt Roe v. Wade – garantissant le droit fédéral à l’avortement – a été annulé le 24 juin 2022, plusieurs États américains ont restreint le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Quatorze États l’ont entièrement interdit, tandis que sept autres, comme la Géorgie, permettent l’IVG, mais sous des restrictions très strictes. Sous son mandat, Donald Trump avait fait son affaire personnelle de limiter l’accès à ce droit.
En pleine campagne électorale pour les élections – qui se tiennent dans quelques semaines seulement -, les républicains ont dénaturé de manière flagrante les positions des démocrates sur l’avortement. En septembre, lors du débat avec son opposante Kamala Harris, l’ancien président a déclaré à tort que le « vice-président choisi par son adversaire démocrate… dit que l’avortement au neuvième mois est absolument acceptable. [Tim Walz] a également déclaré : “L’exécution après la naissance est acceptable”. » Il a bien évidemment dû être corrigé dans son fantasme : non, il n’est légal dans aucun État de tuer un bébé après sa naissance. Plus de 90 % des avortements aux États-Unis ont lieu à 13 semaines de gestation ou avant, selon les données du CDC. Moins de 1 % des avortements ont lieu à 21 semaines d’aménorrhée ou après.
Une urgence sociétale
De récents reportages ont malheureusement confirmé les horreurs entraînées suite à l’annulation de Roe v. Wade. Une étude menée par le Gender Equity Policy Institute (GEPI) montre une hausse marquée des décès maternels au Texas depuis l’adoption d’une loi anti-avortement en 2021. Entre 2019 et 2022, le taux de mortalité maternelle dans l’État a bondi de 56 %, comparé à une augmentation de 11 % à l’échelle nationale. Cette hausse semble directement liée à la restriction des soins liés à l’avortement, notamment avec la mise en place de la loi SB 8, qui interdit l’avortement dès cinq semaines de grossesse. Cette loi, l’une des plus restrictives aux États-Unis, a été adoptée avant que la Cour suprême ne révoque le droit fédéral à l’avortement en 2022.
En août 2022, à peine un peu plus d’un mois après la révocation de Roe vs Wade, une première femme – Amber Thurman, 28 ans – est décédée suite à l’absence de prise en charge adéquate à la après une IVG. Résidant en Géorgie, Amber n’a d’autre choix que de se rendre en Caroline du Nord, à 600 kilomètres de son domicile, à cause de l’interdiction dans son État de pratiquer l’avortement au-delà de six semaines. On lui prescrit une pilule abortive, mais une fois rentrée chez elle, la jeune femme remarque des saignements anormaux. Elle est alors hospitalisée à Atlanta, où les médecins découvrent que son corps n’a pas correctement évacué les tissus fœtaux, entraînant une « septicémie aiguë ». En temps normal, une intervention médicale appelée dilatation et curetage aurait du être pratiquée. Cependant, une nouvelle loi venait d’interdire cette pratique en Géorgie, sauf dans des cas extrêmement rares, la classant comme un acte criminel. Les médecins ont hésité et ont attendu dix-sept heures avant de procéder à l’intervention, laissant l’état de la patiente se détériorer. Amber Thurman a finalement succombé pendant l’opération. Une commission officielle de Géorgie a conclu que la jeune femme aurait eu de « bonnes chances » de survie si la procédure avait été effectuée plus rapidement.
Melania Trump contre Donald en défenseuse du droit à l’avortement | Vanity Fair