Benoît XVI est mort, samedi 31 décembre, à l’âge de 95 ans. Il y a quelques jours, son successeur, le pape François, avait fait savoir qu’il était « gravement malade » et avait appelé à prier pour lui. Pendant son pontificat, de 2005 à sa démission en 2013 pour des raisons de santé, Benoît XVI a entretenu les liens de l’Église avec le continent africain. Retour sur son action en Afrique.
Au Gabon, pays où environ 90% de la population est d’obédience chrétienne, les églises ont affiché salle comble à l’occasion de la célèbre messe de minuit qui consacre la fin de l’année et l’entrée dans le nouvel an. Entre échange des vœux, le décès du pape Benoit XVI était au cœur de toutes les célébrations. Notre correspondant à Libreville, Yves-Laurent Goma, a tendu son micro aux fidèles.
Plusieurs voyages en Afrique
Benoît XVI s’est rendu dans trois pays catholiques importants du continent pendant ses sept années à la tête du Vatican : l’Angola, le Cameroun et le Bénin. Un signe d’un engagement particulier pour un souverain pontife qui voyageait peu.
Sa première visite, en mars 2009 au Cameroun et en Angola, fut toutefois précédée d’une controverse. Le pape avait déclaré qu’« on ne peut pas régler le problème du sida avec la distribution de préservatifs » et que leur « utilisation aggrave le problème ». Un an plus tard, il avait nuancé son propos, confiant que l’usage du préservatif « dans certains cas » permet d’éviter la contamination.
Les évêques du continent, eux, retiennent surtout le synode africain organisé à Rome, en Italie. À l’automne 2009, près de 300 responsables religieux africains furent reçus par le pape Benoît XVI.
Face aux conflits interreligieux et à la corruption, par exemple, le souverain pontife les avait invité à sortir du seul cadre religieux en s’engageant dans leur pays pour la justice sociale et la bonne gouvernance.
Un pape « attentif à la dimension sociale »
Joint par RFI, l’abbé Santedi, alors secrétaire général de la Conférence nationale épiscopale du Congo (Cenco), faisait partie des 300 responsables religieux africains reçus à Rome par Benoît XVI, à l’occasion de ce synode sur l’Afrique. Il se remémore ce moment :
« Je garde un souvenir vraiment vivant, vibrant dans mon cœur, du mot qu’il dit à l’ouverture de ce second synode des évêques sur l’Afrique : un synode d’espérance. J’y ai vu de l’engagement de toute l’Église en faveur de l’Afrique. Il a même demandé de renouveler le regard vers l’Afrique, un regard de foi, d’espérance pour aider ce continent à être lumière. »
« Ne privez pas vos peuples de l’espérance », demanda-t-il aux chefs d’États africains
Autre temps fort en 2011 quand, entouré de 60 000 Béninois, Benoît XVI célébra une messe géante au stade de l’Amitié de Cotonou. Il signa une l’exhortation apostolique Africae Munus, une « feuille de route » destinée à l’Église africaine pour les années à venir.
Cette fois, « il n’a pas hésité à interpeller, sans les nommer, les chefs d’États » du continent, se souvient un ancien responsable de l’Église congolaise. « Il y a trop de scandales, de corruption et de mensonges qui conduisent à la misère », lança alors Benoît XVI. « Le peuple veut comprendre les choix politiques et économiques faits en son nom », poursuivit-il, avant d’appeler à leur responsabilité en déclarant : « Ne privez pas vos peuples de l’espérance. »
Joint par RFI, le cardinal centrafricain Dieudonné Nzapalainga évoque ses souvenirs de Benoît XVI :« Un grand homme, grand prêtre, grand théologien. Il a tenu huit ans (sept ans et dix mois, ndlr) et avait beaucoup d’humilité. Il avait une mémoire vive et aussi une clarté dans ses pensées, pointilleux sur les mots. C’est aussi quelqu’un qui a dû répondre à des scandales dans l’Église. Je veux parler de la question de la pédophilie où il a eu à apprendre et a parlé de tolérance zéro. Il a demandé aussi pardon, au nom de l’Église, pour tous les égarements ou les erreurs commises. ».