Selon Moscou, cette réunion vise à encourager le « monde multipolaire ». Une cinquantaine de dirigeants, y compris des Africains, ont été invités à cette réunion. C’est une nouvelle illustration du fait que la Russie, face aux Occidentaux, pousse les États africains à se prononcer entre deux camps redevenus opposés.
La rencontre ministérielle de ce week-end survient quelques jours seulement après la tenue du sommet des Brics de Kazan en Russie. Le président russe, Vladimir Poutine, entend profiter de cette tribune pour promouvoir un monde multipolaire et montrer à ses partenaires du Sud global l’échec de la politique d’isolement et de sanction envers son pays.
Ces dernières années, la Russiea accru sa présence sur le continent africain, notamment dans le secteur militaire avec le déploiement des mercenaires de l’Africa Corps, ex-Wagner, au Mali, en République centrafricaine ou encore en Libye.
Pour espérer contrer l’hégémonie des Occidentaux, Moscou promeut également l’implantation de ses entreprises minières et pétrolières en Afrique. Plusieurs d’entre elles sont déjà présentes dans plusieurs pays du continent.
En Angola et au Zimbabwe, le groupe Alrosa exploite ainsi des gisements de diamant, alors que Loukoïl extrait du pétrole au Nigeria, au Ghana, au Cameroun et en République du Congo. Rusal, le troisième producteur d’aluminium au monde, est présent en Guinée pour la bauxite.
Élargir le partenariat
Selon Modibo Mao Makalou, économiste malien et ancien conseiller aux affaires économiques à la présidence du Mali, « l’idée, c’est d’élargir ce partenariat surtout au commerce international et aux investissements ». Il pense par ailleurs que « les investissements russes en Afrique aujourd’hui frôlent les 20 milliards de dollars ».
Selon lui « c’est peu par rapport à un pays comme la Chine qui atteint presque les 300 milliards de dollars américains » mais selon l’expert, « les grands groupes russes opèrent en Afrique actuellement, non seulement dans le domaine du pétrole, avec Loukoïl dans plusieurs pays, et surtout au niveau de la sécurité aussi ».
En effet, selon l’entreprise publique russe Rosoboronexport, Moscou a livré, en 2023, plus de cinq milliards de dollars d’armement sur le continent africain, soit environ 4,7 milliards d’euros.
Cependant, certains experts mettent un bémol à la promotion du monde multipolaire vanté par les Russes. Yves Ekoué Amaïzo, économiste et directeur général de l’Afrocentricity Think Tank, basé en Autriche, affirme par exemple que « la redevabilité des comptes publics et la façon dont l’argent est géré en Afrique n’est pas au rendez-vous. Et donc là, la Russie a un rôle à jouer. Ou plutôt ne le joue pas ».
Il explique que la Russie à tendance à soutenir des régimes dictatoriaux, voire autocratiques, et donc à retarder toute forme de démocratisation pacifique, notamment des opposants africains. En même temps, en retardant tout ceci, elle risque de « se tirer une balle dans le pied ».
Un rôle culturel
En plus de son influence sur les réseaux sociaux, la Russie promeut aussi sa culture et sa langue, via la création des centres culturels dans plusieurs pays africains.
Moscou a ainsi annoncé l’ouverture prochaine des Maisons russes en Guinée, en Somalie, en République centrafricaine et au Tchad. Une stratégie qui lui permettrait d’étendre son influence et de servir d’alternative à l’unilatéralisme des occidentaux, fustigé par Moscou et plusieurs pays du Sud Global.
Moscou veut encourager un monde multipolaire – DW – 07/11/2024