Oussouye :Au cœur de ce département de la région de Ziguinchor, trône le Kassa. Ce territoire de la Casamance est composé de dix-sept villages où règne depuis 22 ans Sibilumbay Diédhiou. Ses habitants ont su préserver leur espace naturel et leurs traditions. Le journal L’AS y a effectué un reportage. Extraits.
1. Sibilumbaye Diédhiou
Il est l’actuel roi d’Oussouye. Le chef traditionnel et guide spirituel. Il se nomme Olivier, à l’état civil. Il règne depuis 22 ans. Il a été intronisé le 17 janvier 2000 après des décennies de vacance du trône à la suite du décès de son prédécesseur, Sibikouyane Diabone.
2. Diédhiou, Diabone, Sambou et Diatta
L’accession au trône est tournante. Celui-ci est réservé à cinq familles de deux villages : des Diédhiou (deux familles) et des Diabone d’Oussouye ainsi que des Sambou et des Diatta du village de Kahinda.
3. Dix-sept villages
Le royaume d’Oussouye compte 17 villages : Niambalang, Karounte, Siganar, Edioungou, Djivente, Kahinda, Senghalène, Oussouye-village, Oukout, Emaye, Boukitingho, Diantène, Diakène-diola, Essouat, Kagnout, Samatite et Eloudia (Loudia-Diola).
4. Chiffre 17
Il est présent au moins à trois reprises à propos d’Oussouye. L’actuel roi est le 17e souverain. Il a été intronisé le 17 janvier et le royaume compte 17 villages.
5. Manger et boire
Un roi d’Oussouye ne doit ni manger ni boire en dehors du royaume qu’il dirige, et devant ses sujets. Cette règle avait coûté la vie à Sihalébé Diatta. Pour s’être opposé à la substitution de la culture du riz- spécialité du royaume- à celle de l’arachide, il a été arrêté par les colons et transféré à Sédhiou. Il devait être déporté au Congo. Il est décédé en refusant de s’alimenter en dehors de son territoire.
6. Mendicité
La mendicité n’existe pas au Royaume d’Oussouye. Les démunis peuvent compter sur une politique sociale institutionnalisée et qui préserve la dignité de la personne. Des tonnes de riz sont stockées dans le grenier du roi. Une partie de cette denrée est destinée aux familles démunies, qui sont servies dans la plus grande discrétion.
7. Préservation de l’environnement
Au royaume d’Oussouye, la nature est sacrée. Sa préservation est une question de survie. «A Oussouye, la forêt est sacrée puisqu’elle abrite la plupart de nos fétiches, confie Philippe Diédhiou, un des porte-parole du roi d’Oussouye. La préservation de l’environnement est un devoir chez nous. Nos parents nous ont appris que les arbres nous procurent la vie. Donc, s’ils disparaissent, nous ne pourrons pas survivre.»
8. Crimes de sang
Les crimes de sang ne restent jamais impunis dans le royaume. La légende raconte que soit les criminels se confessent soit les esprits leur jettent un sort qui va s’étendre à leurs descendants. Et lors de la confession, l’omission du moindre détail entraîne la nullité de l’acte. Même lorsque l’on tue involontairement quelqu’un, par exemple dans un accident de la route, il faut se rendre devant le «juge traditionnel» avec un taureau ou un porc et du vin de palme, et se confesser pour être absout pouvoir bénéficier d’une séance de «purification». Même les militaires sont tenus de passer par une séance de purification s’ils ôtent la vie à quelqu’un au cours d’une guerre.
9. Refus de paternité
Les auteurs de grossesse doivent assumer. Sinon, la sanction mystique s’abat sur eux. C’est qu’à Oussouye, le refus de paternité est considéré comme un délit.
10. Exil
Un des rois d’Oussouye repose en France. Il s’agit de Sihalébé Diatta. Déporté à Sédhiou par les colons (voir plus haut), il est mort en refusant de s’alimenter. A son décès, son corps a été envoyé à Paris. Certaines voix réclament la restitution de ses restes, mais au royaume d’Oussouye, ce sujet n’est pas à l’ordre du jour. L’exhumation d’une dépouille y est considérée comme un sacrilège.