Le Pakistan fait face à des inondations de grande ampleur. En trois semaines, il est tombé l’équivalent de 60% de la moyenne annuelle des pluies de mousson dans le pays. Plus de 900 personnes ont été tuées depuis un mois et plus de 95 350 habitations ont été détruites. Dans des villages encerclés par les eaux, certains habitants n’ont d’autres choix que de rester.
Avec notre envoyée spéciale dans la région Pundjab, Sonia Ghezali
Au Pakistan, des centaines d’hectares de récoltes ont été ravagés et 500 000 têtes de bétail ont été tuées face à ces importantes inondations. Des crues soudaines ont également provoqué des glissements de terrain, et la destruction de barrages. Plus de 3 000 kilomètres de routes ont été endommagés. Au niveau national, 570 écoles ont déjà été détruites.
Les habitants des provinces du Balouchistan, de Khyber Pakhtunkhwa et du Sind où les zones les plus touchées sont les zones rurales pauvres, vivent un enfer alors que la pluie continue de tomber. Dans le sud du Pundjab, Mohammad Ishaq navigue chaque jour sur les eaux qui recouvrent une trentaine de villages. « Ici, il y avait un cimetière, là, c’était un village, ici aussi, partout, ici, il y avait des villages », explique Mohammad Ishaq tout en désignant les villages sous les eaux.
À bord d’une barque motorisée, ce sauveteur et son équipe vont à la rescousse des habitants pris au piège. Certains refusent toutefois de quitter leur maison malgré le danger, comme Rubab, qui vit depuis deux semaines avec ses enfants, au milieu des eaux. Face à Mohammad Ishaq qui lui demande ce qu’elle fera s’il pleut à nouveau, et que sa maison s’écroule, « Dieu nous protégera, répond Rubab. Nous n’avons nulle part où aller. » Si sa maison venait à s’écrouler, le sauveur explique qu’ils pourront lui donner une tente afin qu’elle puisse s’abriter avec sa famille. Mais sans argent, ce qui inquiète Rubab c’est de savoir comment elle pourra subvenir aux besoins de ses enfants.
Des habitants qui se refusent à partir
Rubab, qui n’a jamais quitté son village, est terrorisée à l’idée de se retrouver seule en ville : « Nous sommes très pauvres. Je suis très inquiète pour mes enfants. Mais nous n’avons pas d’autre endroit où aller, nous n’avons aucun proche ici. Mon mari travail loin dans une autre ville. Si nous quittons la maison, que se passera-t-il si nous sommes pillés ? Si nous sommes violés ? Qu’adviendra-t-il de nous ? »
Comme Rubab, de nombreuses personnes préfèrent rester dans leurs maisons inondées, encerclées par les eaux, alors que la pluie continue de tomber chaque jour.