Olivier Brice Sylvain est un homme blessé. Il a passé deux ans et huit mois en prison pour des faits qu’il jure n’avoir pas commis. Il s’explique et désigne ses bourreaux.
Olivier Brice Sylvain a été condamné par la Chambre criminelle de Dakar à deux ans de prison ferme pour détournement de mineurs. Celui qui était présenté comme préparateur physique de l’académie Dakar-Sacré Cœur (DSC), mais qui, en réalité, selon ses précisions, était le directeur du pôle Performance du centre, était accusé en 2019 d’actes contre-nature, pédophilie et détournement de mineurs.
Pour avoir purgé sa peine, après deux ans et huit mois de détention préventive, il a recouvré la liberté. Dans les colonnes de L’Observateur, il clame son innocence et affirme que ses déboires judiciaires sont un coup monté par d’ex-collègues. Dans la foulée, il solde ses comptes, notamment, avec le président de DSC qu’il accuse de l’avoir lâché.
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«J’ai été surpris qu’on puisse écoper de cette peine avec aucun élément dans le dossier», a lancé Olivier Brice Sylvain. Pointant que «les parties civiles ont manqué de régularité dans leurs propos», que «le jour du procès, on a relevé des contradictions dans leurs propos».
Le rôle suspect de l’infirmier de DSC
Le Français de 33 ans estime avoir été victime de deux de ses ex-collègues. Il pointe d’abord l’infirmier du centre, Mamadou Diop qui, selon lui, «a joué un rôle suspect dans cette affaire». Sylvain lui répétait de ne pas habituer les pensionnaires du centre aux médicaments. De les laisser développer leurs défenses naturelles. Diop n’aurait pas apprécié.
«Il a amplifié les choses, martèle Olivier Brice Sylvain. Il m’a enfoncé durant l’audience. Mais il était totalement en désaccord avec son propre collègue Alphonse Ndour, qui était le kinésithérapeute du centre.»
L’ex-patron du pôle Performance de DSC soupçonne également ce dernier. Il croit savoir que Alphonse Ndour n’a pas, non plus, aimé les remarques qu’il lui faisait sur son travail. «Notre relation était tendue, admet-il. Je pense qu’il était prêt à tout. C’est lui qui avait lancé l’alerte. C’était de bonne guerre.»
Il ajoute : «Au fond, je ne pense pas que les enfants soient les uniques auteurs de cette histoire. Après avoir dérapé dans les mots, un adulte est allé plus loin. Mais en réalité, je n’ai aucun rapport sexuel avec ces jeunes joueurs.»
«Trop bon, trop con»
Mais Olivier Brice Sylvain signale que sa plus grande déception est liée à l’attitude du président de DSC. «S’il était véritablement un homme, il aurait pris le temps de m’entendre, assène le préparateur physique et mental. (…) Mais j’ai bien vu : trop bon trop con. Et c’est ça qui me touche le plus.»
L’ancien directeur à DSC explique : «Une personne qui semblait valeureuse s’est finalement montrée véreuse. Elle a préféré me tourner le dos, jusqu’au jour de mon arrestation. J’ai envoyé un message au président du club, il a osé me répondre : ‘C’est qui ?’. Il s’est bien foutu de moi quand il veut me faire croire qu’il n’a pas le numéro de l’un des plus gros salaires dans son club.»
Deux faits ont essentiellement précipité la chute de Olivier Brice Sylvain. Il est accusé de s’être livré à des attouchements sur des pensionnaires de DSC et d’avoir invité chez lui à plusieurs reprises des jeunes du centre. Le mis en cause jure qu’il n’en est rien. Les attouchements en question se seraient déroulés lors de séances de massages. «Le kinésithérapeute était sur place, rembobine-t-il. Il ne pouvait pas prendre tous les joueurs en une heure. C’est pourquoi je l’aidais en m’occupant de certains joueurs, uniquement des professionnels. Alors, il n’a pas aimé mes remarques.»
Le cousin de Madagascar
Pour les invitations de jeunes footballeurs à son domicile, Olivier Brice Sylvain rappelle que DSC, confronté à un problème de logement, lui avait envoyé des pensionnaires durant un stage de trois jours. «Il fallait vérifier les mails que j’avais envoyés à leurs tuteurs. Mais cela n’a pas été fait», regrette-t-il.
De plus, Sylvain révèle qu’il hébergeait son cousin de 13 ans, qui venait de Madagascar. «Chaque weekend, raconte-t-il, il invitait ses camarades à la maison. La journée, ils regardaient les matches ensemble. Le soir, ils avaient l’habitude de trainer en ville. On m’accuse de détournement de mineurs parce que tout simplement j’ai laissé mon cousin inviter ses amis à la maison.»