La ville de Podor est l’un des trois chefs lieux de département de la région de Saint-Louis. Le département de Podor s’étend sur une superficie de 12 948 km², soit 68% du territoire régional. On y dénombre quatre communes, dix communautés rurales comptant près de 272 villages.
Située en pleine moyenne vallée plus précisément dans la partie Nord Ouest de l’île à morphil, Podor est la ville la plus septentrionale du Sénégal. Elle est limitée à l’Est et au Nord par le fleuve Sénégal, au Sud par la Communauté Rurale de Guédé et à l’Ouest par celle de Ndiayène Pendao. Elle est reliée à la route nationale RN2 par une bretelle de 22 Km à partir de Tarédji.
Le périmètre communal de Podor couvre une superficie de 2 628 ha selon un extrait cadastral de 1981; dont les 128 ha constituent actuellement la partie habitée.
Histoire
Le nom de Podor viendrait de la légende liée au « pot d’or », canari rempli d’or que les sérères avaient laissé sur place à leur départ et que les populations et les combattants ; qui revenaient de la bataille de Pété de Thierno Bocar avaient retrouvé, à leur grande surprise.
La ville de Podor, cœur du Fouta Toro, de par sa position géographique, a constitué la base des expéditionnaires de la colonisation. Depuis, la ville a toujours occupé des fonctions économiques, politiques et administratives importantes et connaît trois périodes qui ont profondément marqué son évolution.
La Période d’apogée économique
Elle est marquée par l’implantation d’infrastructures comme le Fort construit en 1744 par le Gouverneur Général Pierre Barthélemy David, au profit de la compagnie des Indes. Il a été reconstruit par le Général Louis Faidherbe en 1854 suite à l’expédition de Podor du 27 mars 1854. Il faut rappeler que le site a été occupé par les Anglais de 1758 à 1783.
C’est à Podor qu’était regroupé le 1er régiment des tirailleurs Sénégalais qui ont participé à la pénétration française en Afrique. Lieu de sécurité et d’essor économique, la ville est un nœud important dans le réseau urbain du bassin du fleuve Sénégal. Cette vocation internationale très tôt assumée, a fait de Podor, une ville cosmopolite où cohabitent toutes les ethnies de la sous région.
Elle accueillait à cette époque des populations d’origines diverses (maures, bambaras, wolofs et toucouleurs). Elle devint ainsi un important pôle d’échanges entre la Mauritanie, le Sénégal et le Soudan Français (actuel Mali) grâce à un commerce prospère de la gomme arabique, de l’or, des produits artisanaux et manufacturés. L’activité commerciale initiée et entretenue par des maisons de commerce françaises (Maurel &Prom, Devès et Chaumet, Peyrissac, la Compagnie Française de l’Afrique Occidentale), italiennes et libanaises, reposait sur le trafic fluvial à partir du quai de Podor pouvant recevoir des bateaux en toutes saisons.
Les populations autochtones se distinguaient par leur productivité aux plans de l’agriculture et de l’artisanat. Autosuffisantes en céréales, elles exportaient d’importantes quantités de mil vers la métropole et les zones de production d’arachide. L’artisanat, s’appuyant sur le génie des différentes ethnies en présence, s’est illustré dans la poterie, les nattes et l’ornement des peaux.
Malheureusement, cette situation d’apogée économique devait diminuer d’intensité avec le retrait des colons, la baisse du trafic fluvial et la construction de la route du Diéri vers les années 70.
La période de rupture
Avec l’arrêt du trafic fluvial qui rythmait la vie des populations et l’avènement de la route du diéri, la ville de Podor s’est installée dans un enclavement qui parvint à lui ôter toute son influence économique. Elle vécût de 1963 à 1973 une grande sécheresse causant une forte déforestation, voire une grande famine.
La loi 64-46 du 17 juin 1964, relative au domaine national, l’implantation de la SAED en 1974 et l’entrée en vigueur de la réforme de l’administration territoriale et locale dans la région de nord en 1981 ont profondément bouleversé le dynamisme du secteur agricole qui faisait vivre plus de 95% de la population. Cette loi sur le domaine national (gestion des terres), s’est heurtée à de sérieux blocages liés à la réticence des anciens propriétaires terriens. L’Etat et les partenaires au développement rencontrèrent beaucoup de difficultés dans la réalisation d’aménagements collectifs prévus dans leur programme.
Avec la politique d’aménagement hydro agricole, la gestion des barrages qui ne prenait en compte que la culture irriguée, a brutalement bousculé les habitudes. Les habitants de Podor qui vivaient essentiellement de la culture de décrue, se sont alors confrontés d’année en année à une indisponibilité de terres inondées.
La Commune relativement coupée des grands centres urbains de la région, voire du pays à cause de l’abandon du trafic fluvial et son éloignement par rapport à la route nationale, a perdu son dynamisme au plan commercial et artisanal.
La période de décadence
La régulation du débit du fleuve Sénégal suite à l’implantation des barrages de Diama et Manantali a eu pour effet négatif la disparition de la crue. Ces changements de régime du fleuve ont aussi durablement affecté la pêche qui souffre terriblement de la raréfaction de la ressource.
De plus, le conflit entre le Sénégal et la Mauritanie dont la conséquence principale est la perte des terres de la rive droite où les habitants de Podor exploitaient 160 km², a installé l’économie dans une profonde crise. L’agriculture, pilier principal de l’économie est tombée dans une situation moribonde.
La situation de l’élevage devenait alors difficile; puisque non seulement le pâturage herbacé était rare, mais aussi la disparition des résidus agricoles aggravait la situation.
Economie
L’inventaire du milieu économique de Podor démontre le poids important du secteur primaire dans les activités de production. Malheureusement, ce secteur qui mobilise 24,76% de la population active, souffre du non aménagement du Colongal, de la perte des vastes et riches terres de la rive droite et de la non intégration des différents sous secteurs. Les différentes filières en aval de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche sont très peu denses en terme de création de richesse et d’emplois, tandis que les acteurs en amont (SENCHIM, SPIA) se replient vers d’autres marchés.
L’industrie et les banques sont absentes. Le commerce qui joue un rôle non négligeable dans le dynamisme économique, enregistre de faibles résultats, du fait du faible pouvoir d’achat des ménages et des difficultés d’accès à la ville. L’artisanat et le tourisme malgré leurs atouts, tardent à décoller, à cause du manque d’initiatives des opérateurs locaux et de la situation générale de l’économie. Cette langueur de l’économie a transformé Podor en une ville peu attractive, marquée par un fort taux d’exode de la jeunesse et des cadres. Cette forte émigration a engendré un flux financier, qui contribue sensiblement à l’entretien des ménages. Il a également un impact conséquent dans la modernisation de l’habitat.
Social
Education et formation
La Commune est relativement bien fournie en matière d’éducation et de formation. Elle bénéficie d’un cycle complet des services de l’éducation formelle allant de la case des tout petits à l’enseignement secondaire et la formation technique professionnelle. L’éducation non formelle y est aussi présente à travers l’alphabétisation et les daras..
Santé
La commune de Podor dispose d’un centre de santé, d’une infirmerie au camp militaire et d’un poste de santé non fonctionnel situé dans le quartier de Biir Podor. La ville abrite également le district de santé. Avec un tel dispositif, on peut dire que la ville de Podor qui bénéficie également de la proximité de l’hôpital de Ndioum, est bien dotée en matière de structures de santé.
Sport et Culture
Sport
La ville de Podor n’est pas assez bien dotée en matière d’infrastructures sportives. Le stade municipal qui n’est pas très fonctionnel, parce qu’étant souvent sous les eaux en hivernage, ne permet pas un déroulement correct du championnat populaire ou navétanes. Cependant, la commune a aménagé dans chaque quartier un terrain de foot afin de favoriser l’épanouissement des jeunes talents. D’autres sports comme le Taekwondo et l’athlétisme sont aussi pratiqués. Dans le cadre des navétanes elle fait voter une subvention par le conseil municipal.
Par contre, la pratique du basket et du hand balle reste encore très timide eu égards à un déficit criard d’infrastructures et d’équipements. Les passionnés de ces disciplines n’ont d’autre alternative que le terrain de basket du CFEFS, qui d’ailleurs ne leur est ouvert que de 17h à 19h par jour. Un temps de jeu qui n’est pas à la hauteur des ambitions du POBAC dont l’objectif est de s’affirmer au niveau national.
Au point de vue loisirs, Podor dispose d’un CDEPS qui offre une salle de spectacle et pour les jeunes. Le dancing BOU EL MOGDAD et le gîte d’étape abritent d’une manière ponctuelle certaines activités récréatives. Les besoins de la commune dans ce secteur sont l’aménagement et l’équipement d’un terrain omnisport pour toutes les disciplines sportives.
Culture
Podor dispose d’un riche patrimoine historique et culturel. L’Islam y est présent depuis 1040. Podor est également un fief de la Tidjania grâce à deux érudits de l’Islam qui ont beaucoup contribué au rayonnement de cette confrérie. Il s’agit du vénéré Cheikhou Oumar Tall né à Alwar, qui a réalisé, lors de son passage à Podor, le second tracé de l’actuelle mosquée de Thioffi et El Hadj Malick Sy qui est originaire de Souima. Podor constitue ainsi un véritable creuset culturel, un lieu spirituel.
De grands hommes de culture, Podor continue toujours à en produire ; on peut citer notamment Baba Maal, un artiste de renommée mondiale, dont la contribution au développement de la musique sénégalaise, est inestimable. D’ailleurs dans le cadre de sa participation à la redynamisation des activités culturelles de la vieille ville, il a initié le grand festival des blues du fleuve qui, aux yeux de tous les observateurs avertis, mérite d’être pérennisé.
Au plan local, les ASC (Dental, Lamtoro, Dialtabé…) et les troupes (Khouraichi, Limsadal) s’activent malgré le manque de moyens et de partenaires dans des activités artistiques et théâtrales. D’ailleurs celles-ci ont valu des prix au plan régional et national à l’ASC Dental. Toutefois, on constate aujourd’hui un net recul de la culture au profit du sport. Au plan des infrastructures culturelles, le CDEPS est l’unique lieu de spectacle de la ville.
De plus, Podor dispose d’un patrimoine historique riche de la présence des mosquées d’Alwar, de Donaye, de Guédé qui sont le témoignage de l’empire du Tékrour, mais également du fort Faidherbe permettant de se souvenir d’un passé culturel florissant.