Le candidat d’En marche ! est donné largement gagnant par les premiers sondages. Mais la mobilisation des électeurs devrait jouer un rôle déterminant dans son duel face au FN.
L’affaire est-elle déjà entendue ? Emmanuel Macron a donné, dimanche 23 avril, le sentiment d’« enjamber » le second tour de l’élection présidentielle qui l’opposera, le 7 mai, à Marine Le Pen. Impression renforcée par un sondage Ipsos-Sopra Steria réalisé le soir du premier tour. Cette étude, réalisée auprès de 2 024 inscrits sur les listes électorales, dont 1 379 personnes « certaines d’aller voter » et « exprimant une intention de vote », place en effet le candidat d’En marche ! en position de favori, avec 62 % des intentions de vote, contre 38 % pour sa rivale. Plusieurs éléments factuels appellent néanmoins à remettre en perspective ce scénario.
Une avance d’environ un million de voix au premier tour
Les résultats publiés sur le site du ministère de l’intérieur donnent Emmanuel Macron en tête avec 8,66 millions de voix contre 7,68 millions pour sa rivale du FN, un record de voix historique pour le Front national. Soit un écart de près d’un million de voix entre les deux qualifiés. Voici les scores des différents candidats :
Un seuil de victoire au second tour variable selon la participation
En 2012, François Hollande l’a emporté face à Nicolas Sarkozy avec 51,64 % des voix contre 48,36 %. Avec 34,86 millions de suffrages exprimés (environ 75,6 % des inscrits), le nombre de voix nécessaires pour l’emporter était de 17,44 millions environ.
En 2017, il y a environ 47,6 millions d’inscrits sur les listes électorales. Voici comment le nombre de voix nécessaires pour l’emporter au second tour en fonction de la part de suffrages exprimés, de 90 % à 40 % :
Combien de voix pour gagner au second tour de la présidentielle ?
Selon le sondage d’Ipsos-Sopra Steria réalisé dimanche 23 avril, Marine Le Pen pourrait compter sur :
- environ 9 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon ;
- environ 4 % des électeurs de Benoît Hamon ;
- environ 33 % des électeurs de François Fillon.
A l’inverse, Emmanuel Macron pourrait compter sur :
- environ 62 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon ;
- environ 79 % des électeurs de Benoît Hamon ;
- environ 48 % des électeurs de François Fillon.
Si l’on tient compte des scores de ces trois candidats, on obtient donc une réserve de voix d’un peu moins de 10 millions pour Emmanuel Macron (9,9 environ) et d’un peu plus de 3 millions pour Marine Le Pen (3,2 millions).
Reste enfin la question du report des suffrages des « petits » candidats. Nicolas Dupont-Aignan a réuni autour de 1,7 million de suffrages au premier tour, et les cinq autres candidats autour de 1,5 million. Les reports de voix des électeurs des uns et des autres ne sont pas donnés dans le détail dans ce sondage, mais ont été inclus dans l’estimation finale.
Des chances de victoire restreintes pour Marine Le Pen
Toujours dans l’enquête Ipsos-Sopra Steria au soir du premier tour, 1 379 personnes interrogées sur les 2 024 se disent certaines d’aller voter et expriment une intention de vote. Soit environ 68 % des électeurs, dont 38 % précisent vouloir voter pour Marine Le Pen. Rapporté aux 47,6 millions d’électeurs inscrits, cela représenterait un électorat potentiel autour de 12,1 millions de votants. A l’inverse, Emmanuel Macron disposerait d’un potentiel autour de 19,8 millions de votants (62 % des intentions de vote).
Contrairement au premier tour, l’écrasante majorité des électeurs disent déjà que leur choix est définitif (92 % pour Emmanuel Macron, 85 % pour Marine Le Pen).
On peut donc en tirer plusieurs enseignements :
- avec une participation (en termes de suffrages exprimés) d’au moins 60 % du corps électoral (environ 14,3 millions de suffrages nécessaires pour l’emporter) et au-delà, le potentiel électoral de Marine Le Pen semble en l’état insuffisant pour l’emporter ;
- avec une participation autour des 50 % (11,9 millions de suffrages requis pour l’emporter), voire inférieure, Marine Le Pen dispose d’un socle électoral qui lui permettrait, en théorie, de faire jeu égal avec Emmanuel Macron. Ce scénario supposerait néanmoins une démobilisation massive en la défaveur du candidat d’En marche !, quand la présidente du FN ferait le plein