Rabat et Paris semblent vouloir mettre de côté leurs différends pour améliorer leurs relations diplomatiques. Une délégation du ministère français de l’Intérieur doit, à cet effet, se rendre à Rabat d’ici la fin du mois de décembre pour des discussions techniques sur la relance de la coopération en matière de migration avec l’équipe du ministre marocain de l’Intérieur Abdelouafi Laftit, se dit-il dans l’Hexagone. Mais à l’heure de prémisses à un dégel, on l’image aisément que bien d’autres sujets devraient être abordés dont quelques-uns qui fâchent ou qui ont fâché.
Gérald Darmanin ne devrait pas être de la partie Maroc. Cela dit, une mission du Quai d’Orsay s’était déjà rendue à Rabat début novembre, et d’aucuns de prédire un réchauffement des relations franco-marocaines après des mois de tension. Les échanges entre Anne Grillo, directrice Afrique du Nord et Moyen-Orient au Quai d’Orsay, et le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita visaient à rétablir des contacts officiels entre les deux pays. Et les signes d’un nouveau départ sont bien réels.
Dernièrement dans une interview accordée à la télévision marocaine 2M, l’ambassadeur français au Maroc a fait un mea culpa public et reconnu aussi des erreurs et une mauvaise gestion sur l’affaire des visas. Bien que cette restriction ait été levée il y a près d’un an, elle a profondément affecté l’image et l’influence de la France, avait-il reconnu. Les propositions du diplomate ont généralement été bien accueillies par la presse marocaine, soulignant un pas vers la fin d’une période de tension diplomatique.
La France a également réaffirmé son soutien au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental, une démarche saluée par le Maroc. L’ambassadeur de France à Rabat, Christophe Lecourtier, a joué un rôle actif, réaffirmant à de multiples reprises le soutien de la France et contribuant ainsi à rétablir le contact avec les responsables marocains après plus d’une année de relations difficiles. Parallèlement, Rabat a fait montre de bonne volonté en nommant une nouvelle ambassadrice à Paris, Samira Sitail, un poste resté vacant depuis plusieurs temps. Tout cela marque une volonté de part et d’autre de normaliser les relations bilatérales.
Les discussions entre la France et le Maroc se sont intensifiées ces derniers mois, les rencontres entre le directeur de l’Agence française de développement (AFD) et les responsables marocains ayant contribué à un dégel progressif des relations. Malgré cela, une visite officielle d’Emmanuel Macron à Rabat reste incertaine, bien que les échanges directs entre l’Élysée et le Palais Royal pourraient la faciliter. De plus à Marrakech, lors des Assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale, le Chef de gouvernement marocain Aziz Akhannouch avait reçu un ministre régalien français celui de l’Économie en l’occurrence, Bruno Lemaire. Les deux pays semblent avoir depuis, tiré les leçons d’une situation qui ne profitait ni à l’un ni à l’autre.
Le couple Paris-Rabat semble tenir, malgré, ces deux dernières années marquées par des tensions extrêmement fortes entre le Maroc et la France, principalement liées à la politique de rapprochement avec l’Algérie menée par le président français Emmanuel Macron, alors qu’Alger avait rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en 2021. Mais le difficile rapprochement entre Paris et Alger explique en grande partie l’apaisement actuel avec Rabat. La France ne peut pas se permettre d’avoir de mauvaises relations à la fois avec Alger et Rabat, et avec le retrait des forces françaises de la région, il est plus facile de favoriser le Maroc, un allié traditionnel.
La France, aujourd’hui, ne peut pas se permettre d’avoir de mauvaises relations à la fois avec Alger et Rabat. Pour l’Elysée, la valeur ajoutée de l’Algérie résidait dans la proximité de celle-ci avec les pays du Sahel et dans la coopération que pouvait offrir Alger. Ce n’est plus le cas actuellement, avec des forces françaises sur le départ dans cette région. Aussi est-il plus aisé de faire des gestes en faveur du Maroc, l’allié traditionnel et historique de la France.
Mais ce sentiment de dégel, on l’a ressenti à travers les médias français qui depuis quelque temps. Ces derniers ont, semble-t-il, calmé certaines de leurs ardeurs plutôt peu commodes à l’égard du Royaume. Il est comme qui dirait que cet environnement est en pleine évolution, avec des raisons d’espérer en un avenir meilleur. L’émotivité souvent gauche était même parfois extrême naguère, ce qui leur faisait dire des choses que la raison désapprouvait.
Rabat et Paris multiplient des signes d’ouvertures et de dégel (hespress.com)