Goma : Dans l’est de la RDC, Goma et ses alentours sont sous pression depuis que les combats entre l’armée régulière congolaise et les rebelles du M23 se sont rapprochés de la capitale provinciale. Les rebelles revendiquent dans un communiqué la prise de Kibumba, l’un des derniers verrous sécuritaires avant Goma. Ce que conteste l’armée congolaise qui affirme « contenir l’ennemi » dans la zone. À Goma, ce flou sur la situation sécuritaire accentue l’anxiété dans la ville.
Après le mouvement de panique de mardi 15 novembre, les activités ont repris normalement à Goma mercredi. Le marché était ouvert, la circulation fluide et les étudiants ont même passé leur examen. Bref, en apparence, ce mercredi était une journée comme une autre.
Pourtant, la peur est bien réelle et est dans toutes les têtes ici à Goma. Mercredi après-midi, alors qu’une rumeur sur l’avancée rapide des rebelles sur la ville se propageait, des coups de feu tirés en l’air ont provoqué une panique générale. Cela a entraîné le déplacement de milliers de personnes, essentiellement des déplacés qui avaient déjà fui les affrontements entre la rébellion et l’armée congolaise et qui s’était réfugiés à Kanyaruchinya, une localité aux portes de la capitale provinciale.
Nous craignons que demain ou après-demain l’ennemi risque d’entrée dans la ville de Goma.
Mercredi, ces déplacés sont retournés en partie dans leur camp, selon Placide Nzilamba de la société civile locale. Mais cet évènement est pour lui symptomatique de l’anxiété qui règne dans la ville. Certains habitants ont déjà préparé leurs affaires et fait des plans pour quitter les lieux si le M23 arrivait jusqu’à Goma. D’autres resteront quoi qu’il arrive. Toujours est-il que les combats se sont rapprochés de la ville depuis samedi 12 novembre et inquiètent de plus en plus les habitants. En effet, à Goma, personne n’a oublié ce qu’il s’est passé en 2012.
Il y a 10 ans, quasiment jour pour jour, les rebelles du M23 avaient occupé la capitale provinciale pendant plus d’une semaine avant de se retirer du fait de pressions internationales. « Aujourd’hui, le manque d’informations fiables contribue à faire paniquer les habitants », déplore Placide Nzilamba, l’un des responsables de la société civile de la province du Nord-Kivu.
Difficile pour les Gomatraciens d’y voir clair et de savoir qui contrôle quoi, quand les deux protagonistes se contredisent.
La journée de mercredi est restée relativement calme après les affrontements la veille, et surtout après le mouvement de panique dans le camp de Kanyaruchinya, où des militaires congolais ont tiré en l’air, faisant fuir des réfugiés vers Goma. Ces soldats auraient été condamnés à mort mercredi soir par le tribunal militaire de Goma pour complicité avec le M23, selon une autre source.