En RDC, le haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU avait donné 48 heures à Kinshasa pour apporter des réponses appropriées sur les violences dans les Kasaï. L’ultimatum a désormais expiré et le prince Zeid demande donc l’ouverture d’une enquête internationale dans cette zone secouée depuis des mois par des violences entre les forces armées congolaises et les miliciens Kamuina Nsapu.
« La réponse du gouvernent congolais est à ce jour insuffisante. » C’est la conclusion du haut commissaire aux droits de l’homme après cette nouvelle demande aux autorités congolaises, faite il y a trois jours, de prendre des mesures pour que l’enquête sur les violences dans les Kasaï soit crédible et implique le bureau de l’ONU aux droits de l’homme.
Zeid Ra’ad Al Hussein rappelle aussi avoir demandé en mars, puis au début du mois de mai déjà, à Kinshasa, de faire mieux en termes de transparence, de crédibilité de leur enquête et de collaboration avec l’ONU. Sans succès. Kinshasa a bien demandé un « soutien technique » et les « conseils » du bureau des droits de l’homme de l’ONU, mais pour le prince Zeid, ce n’est pas suffisant pour garantir le sérieux et la qualité de l’enquête dans les Kasaï.
Pas de consensus onusien
Résultat, vues les réponses « systématiquement insuffisantes des autorités nationales », mais vues aussi « la gravité » et « l’ampleur » des violations des droits de l’homme dans les Kasaï, le haut commissaire Zeid estime désormais qu’il faut une enquête internationale pour compléter les efforts de la RDC. Une enquête qui porte aussi sur les 42 fosses communes découvertes par l’ONU dans la région, où les violences sont toujours en cours. Cette crise a fait près de 1,5 million de déplacés depuis août dernier.
Cela ne veut toutefois pas dire qu’une équipe d’enquêteurs internationaux va se rendre en RDC. En réalité, cette demande d’enquête internationale est maintenant formellement soumise aux 47 pays membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. C’est à eux de décider.
Pour cela, il faut que plus de la moitié, donc 24 Etats membres, soient d’accord pour qu’on envoie des enquêteurs internationaux. Or le sujet est loin de faire l’unanimité. Dans dix jours, la République démocratique du Congo doit venir présenter son point de vue sur la gestion de la crise dans les Kasaï. Le Conseil des droits de l’homme a ensuite jusqu’au 23 juin pour prendre une décision.
rfi.fr