RDC: Alors que le flou sur les événements autour de Kishishe le 29 novembre demeure, aucun enquêteur indépendant n’a pu se rendre sur place et la parole des témoins est rare. La République démocratique du Congo et l’ONU ont accusé le groupe M23 de meurtres, viols et pillages, causant 131 morts selon l’ONU, 272 selon les autorités, huit selon le groupe armé. Retour dans cette partie du Nord-Kivu auprès des rescapés.
Des jeunes jouent au billard dans un maquis de la province du Nord-Kivu. Cela fait quelques jours que Jean-Marie (le prénom a été modifié) a déménagé juste à côté. Pour ce notable du village de Kishishe, il faut remonter une semaine avant le drame pour comprendre la suite des événements :
« Nous avons été surpris de voir le M23 prendre le contrôle de la ville. Les soldats congolais des FARDC ont fui le village après avoir combattu pendant quelques minutes. Vers 10h, le calme est revenu. Je suis sorti pour vérifier ce qui s’était passé dans le village et, à ce moment, j’ai vu un homme et ses trois enfants blessés par des éclats de bombe. »
Le lendemain, le 24 novembre, des éléments M23 ont organisé une réunion pour se présenter à la population… avant de quitter Kishishe en direction de Mozambique, le quartier général des FDLR, un groupe rebelle d’origine hutu et rwandaise installé dans l’est de la RDC depuis le génocide des Tutsi en 1994. Pendant plusieurs jours, le M23 a traqué ces FDLR dans la zone.
« Le 27, certains FDLR se sont introduit chez nous à Kishishe. Puis, ils sont repartis. Mais après leur départ, un groupe armé appelé Maimai est arrivé. Nous avons supplié ces combattants de partir et se replier dans la brousse. Leur armement ne pouvait pas faire face au M23. Mais malheureusement, ils ne nous ont pas écouté et sont restés. »
Le 29 novembre, Jean-Marie a assisté au retour du M23 à Kishishe. Ce n’est que le lendemain qu’il a réussi à s’enfuir, à pied, et à sortir des territoires contrôlés par les rebelles du M23 (à suivre).