Sahara occidental : Il y a douze ans, le campement de Gdeim Izik, établi un mois plus tôt près de Laayoune, par des manifestants indépendantistes sahraouis, était démantelé par les autorités marocaines. Des centaines de personnes ont été interpellées. Vingt-cinq militants sahraouis ont été condamnés en 2013, dont 19 sont encore en prison. Ce mois-ci, une coalition d’organisations et d’avocats déposent six nouvelles plaintes pour tortures contre le Maroc auprès du comité contre la torture des Nations unies, au nom de six de ces prisonniers.
Ces six prisonniers sont Mohamed el Bachir Boutanguiza, Abdellahi Lkhfaouni, Sidi Ahmed Lemjiyed, Ahmed Sbai, Abdullahi Toubali et Houssein Zaoui. La coalition demande une enquête sur les sévices subis au cours de l’interpellation et de la détention de ces détenus.
Justine Lavarde, du bureau pour la protection des défenseurs des droits humains de la FIDH, fait partie de cette coalition. Elle est au micro de Magali Lagrange de la rédaction Afrique. « On dépose des plaintes pour des faits de torture qui ont eu lieu depuis les arrestations, donc depuis douze ans maintenant, qui sont donc des faits de torture physique, tout ce qu’on peut imaginer de plus terrible, des coups, des menaces. On a reçu certains témoignages faisant état de prisonniers qui étaient mis nus à leur arrivée au commissariat et qui étaient suspendus pendant des heures, qui étaient battus.
Donc énormément d’actes de torture physique, mais aussi de la torture psychologique, avec de la mise à l’isolement : il y par exemple un des détenus dont on parle qui est à l’isolement depuis cinq ans, ce qui est énorme. Ils ont tous été transférés loin de leur famille, on leur refuse systématiquement l’accès au soin, donc ce sont des tortures au long cours, aussi bien physiques que psychologiques, qui se poursuivent aussi aujourd’hui, en tout cas les violences psychologiques n’ont pas cessé à ce jour. »
Le comité de l’ONU a déjà épinglé le Maroc à plusieurs reprises sur ce dossier. Quatre personnes, dont certaines détenues depuis 2010, ont saisi en juin 2022 le comité des Nations unies contre la torture, à Genève. Parmi eux, un des condamnés du camp de Gdeim Izik.
Les 24 Sahraouis inculpés du meurtre de membres des forces de l’ordre lors du démantèlement du camp de Gdim Izik en novembre 2010 ont été condamnés en février 2013 à des peines allant jusqu’à la perpétuité. Un procès politique, ont dénoncé des organisations de défense des droits de l’homme.