Le gouvernement sud-soudanais dépense une grosse partie de ses revenus tirés du pétrole dans l’achat d’armes alors que le pays est confronté à une famine. « Des preuves évidentes montrent que les dirigeants du pays à Juba continuent à se procurer des armes » pour l’armée, les services de sécurité, les milices et d’autres « forces associées ». C’est ce qu’affirme un rapport rédigé par un panel d’experts des Nations unies une semaine avant une réunion spéciale du Conseil de sécurité sur la crise majeure qui secoue depuis 2013 le dernier né des Etats africains.
Selon ce rapport onusien de 48 pages, le gouvernement de Juba consacre au moins la moitié – et vraisemblablement beaucoup plus – des recettes tirées des revenus pétroliers aux dépenses de sécurité et notamment à l’achat d’armes. Les frontières avec le Soudan et avec l’Ouganda restent les principaux points d’entrée de ces armements, mais des chargements, écrivent ces experts, arrivent également également de République démocratique du Congo.
Armes légères, munitions, blindés
Parmi les fournisseurs, l’Egypte aurait fourni des équipements militaires, des armes légères, des munitions et des véhicules blindés. Les experts s’interrogent également sur deux avions de chasse venus d’Ukraine, vendus à l’Ouganda mais qui auraient pu finir au Soudan du Sud, ainsi qu’à un contrat d’armement passé par Juba avec une société basée aux Seychelles.
Véritable cercle vicieux
Des achats d’armes qui entretiennent le conflit qui explique la famine déclarée fin février dans l’état d’Unité. C’est un véritable cercle vicieux que décrivent les experts à l’heure où la situation humanitaire est jugée unaniment catastrophique au Soudan du Sud. Fin décembre, un projet de résolution américaine pour un embargo sur les armes au Soudan du Sud avait été rejeté à l’ONU. La Chine, la Russie et six autres membres non permanents du Conseil de sécurité s’étaient abstenus.