Au Soudan, plusieurs milliers de manifestants islamistes, hostiles à l’ONU et à toute médiation internationale dans la crise politique que connaît le pays, ont défilé dans les rues de la capitale Khartoum, ce samedi 29 octobre. Ce rassemblement, qui s’en est pris plus particulièrement à l’émissaire des Nations unies Volker Perthes, s’est tenu à l’appel de partis religieux et a repris des slogans de la dictature de l’ancien président Omar el-Béchir qui, depuis le coup d’État du 25 octobre 2021, est revenu en grâce, deux ans et demi après avoir été chassé du pouvoir.
Les orateurs se sont succédé samedi tout l’après-midi devant le siège de l’ONU à Khartoum. Dans les haut-parleurs, ils ont ravivé de vieux slogans, dénonçant les « ingérences étrangères » et exigeant un « pouvoir islamique ». Et sur les pancartes figurait une cible, dont l’effigie a même été brûlée : Volker Perthes, l’envoyé spécial de l’ONU au Soudan, qui depuis des mois s’efforce de trouver, avec les acteurs politiques et militaires, une sortie de crise négociée à la situation bloquée que connaît le pays.
Cette manifestation s’est déroulée sous le regard bienveillant des forces de sécurité. Aucune entrave, aucune grenade lacrymogène, aucune charge violente, contrairement aux autres fois, lorsque c’est l’opposition révolutionnaire qui manifeste.
Le contexte doit être pris en compte : depuis quelque temps, circule avec insistance la rumeur d’un accord imminent, grâce aux efforts de Volker Perthes, entre les Forces de la liberté et du changement, la coalition de l’opposition civile, et les militaires, sur la base d’une charte de transition proposée par l’Association du barreau soudanais.
Or les islamistes, ainsi que les cadres du parti d’Omar el-Béchir, font non seulement partie de ceux qui ont salué le coup d’État du général al-Burhan, tout en réintégrant l’appareil d’État, mais aussi qui dénient à l’opposition le droit de diriger le pays.