Soudan : Le Haut-Commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme, Volker Turk, a achevé hier mercredi une visite de quatre jours au Soudan. C’est la troisième visite d’un émissaire de l’ONU dans le pays en un an. Depuis le coup d’État du 25 octobre mené par le général Abdel Fattah al-Bourhane, le Soudan est toujours plongé dans l’impasse. L’économie est en chute libre, des manifestations hebdomadaires sont violemment réprimées par la junte et la situation sécuritaire se dégrade dans le pays.
Succédant à Adama Dieng, le nouvel émissaire onusien tout juste désigné il y a un mois, Volker Turk, a décidé que le Soudan serait sa première visite, affirmant que le pays connaît un moment critique. L’émissaire de l’ONU s’est rendu mardi à El-Fasher au Darfour. Une région qui, comme le Sud-Kordofan ou le Nil Bleu, connaît une recrudescence des conflits armés depuis un an.
« Au Darfour, la société civile et les personnes déplacées par les conflits que nous avons rencontré ont souligné l’impunité rampante concernant les violations des droits humains, commis notamment par la milice des Forces de Soutien rapide. Notre équipe a documenté 11 attaques massives et meurtrières dans la région, qui ont fait au moins 1091 morts depuis janvier 2021. La réponse des autorités aux signes avant-coureurs de violence a été faible. »
Plus de 200 000 Soudanais ont été déplacés par les conflits. La situation sécuritaire est préoccupante, estime Volker Turk. Et ce jusque dans la capitale, où depuis un an plus de 119 manifestants ont été tués par les forces de l’ordre, 8000 blessés et de nombreux cas de viols.
« Des rapports très inquiétants font état de violences sexuelles et sexistes. Notre équipe a pu confirmer 19 cas de violences sexuelles, principalement commises par la police en marge des manifestations. A cette date, aucun responsable de ces 19 agressions n’a été traduit en justice. »
L’immunité dont bénéficient les forces de sécurité est l’un des principaux obstacles dans les négociations en cours entre l’armée et une coalition de partis civils. De nombreux Soudanais craignent qu’un accord signé avec la junte soit synonyme d’amnistie pour les généraux au pouvoir.