Afrique du Sud : Parmi les victimes des dérèglements climatiques, la région de Durban, située sur la façade est de l’Afrique du Sud, régulièrement frappée par les inondations. Celles d’avril dernier ont été particulièrement meurtrières, avec plus de 440 personnes décédées. En prévision de futures catastrophes, la municipalité et l’une des universités de la ville veulent s’inspirer d’un travail mené avec un quartier informel pour essayer de préparer au mieux les populations.
Le bidonville de Quarry Road s’est développé sur les berges d’une rivière au nord de la ville. Déjà touchée par les inondations de 2019, la zone a vu de nouvelles maisons en tôle être emportées par celles de cette année.
Nomandla, 35 ans, est encore très émue lorsqu’elle contemple le trou où se trouvait sa construction : « Ça, c’était le passage de ma maison, là où vous voyez les tuyaux arrachés, là-bas », indique-t-elle. « C’était vraiment un jour horrible. On a juste pu prendre nos documents avant de fuir. Et au matin, tout était parti. »
Cependant, les inondations d’avril n’ont pas fait de victimes directes dans le bidonville. Alors que l’université du KwaZulu-Natal étudie depuis une dizaine d’années les relations de cette communauté avec la rivière, un système d’alerte a vu le jour, grâce à des données fournies par la municipalité.
Et des résidents qui travaillent avec les chercheurs, comme Zandile, ont pu avertir leurs voisins : « Surtout les gens qui habitent sous ce pont, on leur a dit qu’il fallait qu’ils aillent dans un endroit sûr. S’il n’y avait pas eu ce système, beaucoup plus de personnes seraient allées se coucher chez elles et seraient mortes dans leurs maisons. Plus on a de connaissances autour des inondations, plus on peut faire preuve de prudence. »
Des inondations qui vont se répéter à l’avenir
Le service météorologique national avait pourtant lui aussi sonné l’alarme, mais si un travail en amont n’a pas été fait auprès des populations vulnérables, elles ne sauront pas comment réagir.
Pour Cathy Sutherland, de l’université du KwaZulu-Natal, c’est cet échange avec les communautés qui doit faire partie de la solution pour l’avenir : « On a déjà observé, auparavant, à Durban, par exemple lors des émeutes, comment dans de nombreux quartiers les communautés se sont organisées et ont protégé la ville. Mais on ne se repose pas suffisamment sur ça, car on ne construit pas de partenariats entre ces initiatives communautaires et les autorités locales. »
Selon le World Weather Attribution, des événements comme celui d’avril dernier sont amenés à être plus fréquents et plus intenses dans la région, à cause du dérèglement climatique. Se pose donc aussi la question du déménagement des habitants des zones à risque. Mais pour Nomandla, c’est un point difficile à résoudre : « Ce n’est pas évident de quitter ce quartier informel, parce que c’est tout ce qu’on peut se permettre. C’est près du centre, près des écoles, et le prix des transports pour aller en ville est abordable. »
La municipalité et l’université souhaitent désormais étendre ce travail d’alerte et de sensibilisation des habitants à d’autres zones à risque.