Mimi ; Quelle sera l’attitude du Parti démocratique sénégalais sur la proposition de loi de Aminata Touré visant «à limiter l’exercice de fonctions et responsabilités dans les institutions de la République en rapport avec l’existence de liens familiaux avec le président de la République» ? C’est une question que se posent de nombreux observateurs. Va-t-il refuser ce qu’il a accepté dans un passé récent ? Ou va-t-il faire table rase du passé et s’inscrire dans une logique d’opposition aveugle ? Tentatives de réponse !
Au-delà des manœuvres politiciennes concernant la proposition de loi de la deputée Aminata Touré, c’est l’attitude du Parti démocratique sénégalais (Pds) et de ses alliés qui est la plus importante à observer. En effet, sous le régime du Président Abdoulaye Wade, des membres de la famille du Pape du Sopi ont occupé des fonctions importantes au sein de la République. Karim Wade était même surnommé ministre de la Terre, des mers et du ciel. La position de Doudou Wade à l’Assemblée nationale a permis à un certain Moustapha Cissé Lô d’exister politiquement, car ayant fait de cette bataille, son tableau de bord. Me Abdoulaye Wade était même prêt à dérouler le tapis rouge pour une succession monarchique dans une République, avant son fameux quart bloquant.
La fille du chef de l’Etat d’alors, Syndiely Wade, sœur de Karim Wade, s’était vue, quant à elle, confier la coordination de l’organisation de la 3ème édition du Festival mondial des arts nègres (Fesman III), en 2010. Tout comme le neveu de Me Abdoulaye Wade, Ndiouga Sakho, qui fut directeur national de l’Urbanisme et de son petit-fils, Lamine Faye, nommé capitaine de police et qui faisait partie de la sécurité présidentielle.
Après avoir fait autant pour des membres de la famille de la «Constance» Wade, le Pds va-t-il approuver cette proposition de loi ? Comment des gens qui ont voulu loger la «Génération du concret» au Palais, en esquivant les urnes, pourraient-ils accepter de voter la proposition de loi de Aminata Touré ? Comment refuser aujourd’hui ce qu’on a accepté hier ? C’est autant de questions auxquelles l’avenir proche va répondre.
Mame Diarra Fam, députée du groupe Liberté et justice, semble donner une indication quant à la ligne du Pds. Dans un post sur sa page Facebook, elle a administré une piqûre de rappel à Aminata Touré, soulignant son rôle dans la traque de Karim Wade, Oumar Sarr, Madické Niang et compagnie avec les poursuites menées à l’encontre de ces derniers par le Procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), de l’époque, Alioune Ndao.
En tout cas, Aminata Touré motive sa proposition de loi par ces mots : «Le Sénégal est l’un des pays précurseurs en matière de législation de la promotion de la bonne gouvernance en Afrique. C’est à ce titre que la République du Sénégal a adopté la loi n°81-53 du 10 juillet 1981 relative à la répression de l’enrichissement illicite, la loi n°81-54 créant une Cour de répression de l’enrichissement illicite, 22 ans avant la répression de l’enrichissement illicite par la communauté internationale, à travers la Convention des Nations unies contre la corruption.»
Par ailleurs, les membres de la mouvance présidentielle, debout comme un seul homme, ont attaqué la proposition de loi de Aminata Touré visant «à limiter l’exercice de fonctions et responsabilités dans les institutions de la République en rapport avec l’existence de liens familiaux avec le président de la République». Si Moustapha Diakhaté estime que la proposition de loi est anticonstitutionnelle car violant l’article 25 de la Constitution qui stipule que «chacun a le droit de travailler et le droit de prétendre à un emploi. Nul ne peut être lésé dans son travail, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances».
L’ancien député, Alioune Souaré, a, quant à lui, jugé nécessaire de relever un vice de forme concernant ladite proposition de loi. Pour l’ancien parlementaire, Aminata Touré a compilé des articles qui ne renseignent pas sur l’esprit de son initiative et n’ont rien à voir avec les raisons invoquées. En résumé, l’objectif des sorties de la mouvance présidentielle est de décrédibiliser cette proposition de loi pour qu’elle soit irrecevable.