Mercredi soir, des dizaines de militaires fortement armés débarquent à bord de leurs camionnettes au domicile du défenseur des droits de l’homme. Ils vont l’amener avec lui au bout de plus de deux heures de vives discussions, parfois très tendues. Les lanceurs d’alerte tirent immédiatement la sonnette d’alarme en dénonçant « une arrestation arbitraire » et en disant craindre pour sa vie.
Un de ses frères, Hamit Berdei, est finalement sorti de son silence vendredi 9 mars pour annoncer que c’est un de leurs oncles à la tête du PSI, chargée de la lutte contre le terrorisme, qui aurait amené avec lui Baradine Berdei afin « de le protéger ». Le défenseur des droits de l’homme, proche de l’opposant Yaya Dillo tué récemment dans un assaut des forces de l’ordre au siège de son parti à Ndjamena « était en danger parce qu’il narguait le pouvoir depuis lors avec des sonores qui appellent notamment à l’insurrection ». « Notre oncle voulait lui éviter le sort de Yaya Dillo », a-t-il ajouté.
Mais l’activiste s’est finalement retrouvé dans les cachots de la toute-puissante l’Agence nationale de sécurité (ANS), le service de renseignement intérieur et extérieur du Tchad, depuis deux jours, explique son frère. Contacté par RFI, le porte-parole du gouvernement de transition a nié catégoriquement toute arrestation de Baradine Berdei « pour des motifs politiques ». « Il a été arrêté pour une affaire privée, dans un cadre familial », a ajouté Abderaman Koulamallah, sans plus de précisions.
C’est le genre d’affaires qui vient rappeler à quel point au Tchad, la sécurité de l’État et les intérêts claniques sont parfois liés, pointe un politologue tchadien.
Tchad: l’activiste Baradine Berdei aux mains des services de renseignement (rfi.fr)