Tchad : Grand chambardement au sein des forces de sécurité au Tchad. Jeudi et vendredi, coup sur coup, les patrons de la gendarmerie et de la police, ainsi que plusieurs adjoints, ont été remplacés. Une décision qui intervient trois semaines après les manifestations du 20 octobre contre la transition, qui a, officiellement, fait 50 morts et 300 blessés.
Selon une source bien informée, ces changements majeurs au sein de l’appareil sécuritaire pourraient annoncer un tour de vis du pouvoir.
Grogne
Le premier signe est que le nouveau directeur général de la gendarmerie est Ismat Issakha Acheikh. L’officier était à la tête des renseignements depuis février. Mais auparavant, il était gouverneur du Borkou, dans le Nord-Ouest. Et il est notamment connu car en novembre 2021, le général avait décidé de saisir les pick-ups des habitants qui ne seraient pas en règle. Une mesure très impopulaire qui avait entraîné des manifestations et des violences durant lesquelles les forces de sécurité avaient tiré à balles réelles sur les protestataires, selon les accusations de défenseurs des droits de l’homme. La grogne était devenue si intense contre lui, qu’Ismat Issakha Acheikh avait dû être exfiltré de la zone grâce à un avion envoyé par Ndjamena.
Côté police, elle est désormais dirigée par l’ancien commissaire divisionnaire puis commandant du Groupement mobile d’intervention, Hissein Doudoua Hamit. Un poste qu’il avait déjà occupé pendant 5 mois en 2019-2020. D’après un bon connaisseur, l’officier s’était fait remarquer l’an dernier en réprimant les manifestations du parti d’opposition Les transformateurs.
Pas d’explications
Le pouvoir n’a pas encore expliqué ces nominations, mais difficile d’oublier qu’elles surviennent moins d’un mois après le bain de sang du 20 octobre. En tout cas, l’opposant Yaya Dillo, lui, n’hésite pas à faire un lien avec le drame. Selon le président du PSF, le directeur général de la police sortant, Moussa Haroun Tirgo, est écarté car il aurait « refusé de cautionner la planification de la répression ».