Tunisie : Le durcissement de ton du président tunisien Kais Saeid contre les migrants subsahariens présents dans son pays, a eu un effet immédiat sur le terrain. Depuis cette sortie qualifiée de raciste, les subsahariens vivent l’enfer dans ce pays de l’Afrique du Nord. La traque des « blacks » est lancée par la police. Une épreuve difficile pour les migrants venus de l’Afrique subsaharienne. Africaguinee.com a pu joindre, Ousmane Thiam, un jeune guinéen âgé 22 ans. Il est allé en Tunisie dans l’espoir d’atteindre les côtes italiennes. Ce jeune migrant qui a abandonné l’école en 11ème Année à Siguiri pour rallier le Maghreb, lance un cri de détresse aux autorités guinéennes. Faute de passeport, il a été chassé du lieu où il travaille et de son logement. Il vit en cachette avec d’autres noirs ouest-africains notamment des ivoiriens et maliens, tous traqués par les services de police. Il ne serait pas le seul guinéen concerné par cette situation. D’autres auraient été arrêtés. Témoignage.
« La situation des subshariens actuellement en Tunisie dépasse tout commentaire. C’est une nouvelle politique de migration que vient de lancer le Président. La menace ne vise pas que les noirs, mais même ceux qui les logent. Le gouvernement menace tout concessionnaire qui héberge un migrant sans papier (passeport), d’une amende de 10.000 dinars (près de 1000 euros) et 1 an 6 mois de prison. Je travaillais avec quelqu’un, mon patron vient de me renvoyer parce que je n’ai pas pas de passeport. Là où nous étions logés également, le concessionnaire nous a mis à la porte au quartier Borj-Louzir
Actuellement, nous sommes dans un quartier appelé Mansoura. Nous n’avons pas de travail, nous n’avons pas de l’abri, nous sommes traqués partout. On est devenu des clochards, exposés à la fraîcheur. Tout migrant sans passeport valide est traqué sur leur territoire. Ici, nous sommes réfugiés dans une famille qui nous a réclamé les passeports que nous n’avons pas. Elle nous accorde quelques heures pour partir. Dehors, si c’est la police qui tombe sur vous, c’est directement en prison. C’est la-bas où il faut se justifier.
De là où nous avons été chassés, nous n’avons pris que nos petits sacs. Le reste de nos affaires comme les matelas, les cuisinières, nous avons tout abandonné sur place, de peur d’être repéré. Le concessionnaire est venu s’arrêter devant la porte pour nous dire de libérer au plus vite. Il a été clair en nous disant qu’il ne donnera pas sa tête à couper pour nous. La souffrance est énorme, parce que sans passeport tu n’oses même pas sortir pour chercher à manger. Ils vont te mettre aux arrêts. Ceux qui disposent des passeports circulent librement. Dans certains endroits, la police vérifie et vous laisse partir. Mais dans d’autres quartiers, la police ne vérifie même pas, elle embarque les blacks, direction la police. Les vérifications se font là-bas. Dans les deux cas, il n’y a pas de paix ici pour les noirs ou subsahariens. Tout le monde est dans la débandade.
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Au marché Ariana, une bonne partie est occupée presque par des noirs et des subshariens. C‘est là où on faisait presque tous nos achats et le petit commerce. Tout le monde y a été chassé. Pour le commerce, que tu disposes d’un passeport ou pas, c’est interdit. Beaucoup de nos amis sont arrêtés. Nous ne savons même où est-ce qu’ils sont détenus, actuellement chacun cherche à sauver sa tête. Se faire arrêter ici sans passeport équivaut à se faire jeter en plein désert sans eau et sans nourriture.
Venir ici par le biais de l’immigration, ce n’est pas évident de se présenter à une autorité qu’elle soit tunisienne ou guinéenne au Consulat par exemple. Je ne sais pas si la Guinée a commencé des démarches pour les compatriotes en Tunisie ici. Pour le moment, c’est la Côte-D’ivoire qui a moblisé ses compatriotes afin de les faire partir au Pays s’ils le désirent bien. J’ai même parlé avec ma famille au pays, mais c’est compliqué pour rentrer par vol sans passeport.
Actuellement, je mange ma petite épargne que j’ai gagné en 4 mois de travail. On se cache pour acheter même à manger dans une boutique proche. Eux aussi, ils profitent de la situation pour doubler voir tripler les prix pour nous. Le riz qu’on achète officiellement à 1,500 Dinars nous est vendu à 2,700 Dinars. Le couscous aussi a connu la même surenchère. Et puis tu n’oses pas aller à la boutique seul. Il faut aller en groupe. Leurs enfants nous maltraitent aussi, si tu es seul ils vont t’entourer et te retirer le telephone et tout autre objet de valeur. Ils sont très agressifs. Si tu réagis on signale ta présence à la police.
J’étais venu pour rentrer en Italie mais j’ai tenté deux fois ça na pas marché. Maintenant, je veux qu’on m’aide pour rentrer en Guinée et trouver un travail en Guinée. Là où je suis actuellement, je suis le seul guinéen parmi le groupe. Je vis avec des ivoiriens et des maliens. Je demande aux autorités Guinéennes aussi de nous aider comme les autres pays le font pour leurs ressortissants ».