«Laissez tranquilles ceux qui ne jeûnent pas», ou encore «nous ne sommes pas forcés de jeûner», ce sont quelques-uns des slogans qu’on pouvait lire à un rassemblement organisé en centre-ville de Tunis pour protester contre les atteintes aux libertés individuelles pendant le mois de ramadan. Les manifestants, un peu moins d’une centaine, protestaient notamment contre la fermeture de certains cafés par la police, et la condamnation de quatre personnes pour avoir mangé en public il y a dix jours.
Sous le soleil écrasant du milieu de journée, des manifestants de tous les âges demandent à l’Etat de faire respecter leur liberté de conscience, inscrite dans la Constitution. Au milieu, Donia Amri, la trentaine : « On n’empêche personne de faire ramadan. Tout simplement, les personnes qui ne sont pas convaincues ne sont pas obligées de s’y plier. Je ne vois pas en quoi le fait de manger et de boire dans la rue est une atteinte au sacré, aux croyances d’une autre personne. Tout ce qu’on demande tout simplement, c’est que chacun puisse vivre sa vie tranquillement tant qu’on respecte les autres, et qu’on nous respecte aussi ».
Aucune loi n’interdit explicitement de manger en public, mais des non-jeûneurs ont été condamnés la semaine dernière, le 1er juin, pour atteinte à la pudeur. Et le regard de la société pèse encore beaucoup.
Selon Abdel-Karim Ben Abdallah, l’un des organisateurs, c’est d’ailleurs ce qui explique la faible mobilisation : « Je me dis que la majorité des jeunes ne peuvent pas venir parce qu’ils ont peur de leurs parents. Il y a d’autres gens qui ne veulent pas venir parce qu’ils ne veulent pas que les gens les voient en train de manifester pour truc anti-islam. Ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, on n’est pas ici contre l’islam. On est pour exercer le droit civique, selon la Constitution tunisienne ».
A côté de lui, un retraité est enveloppé dans un grand drapeau tunisien. Il explique qu’il jeûne pendant ramadan, mais qu’il tenait à soutenir les revendications des manifestants.