Latence : L’ennemi de la moindre expérience qui passe par internet est la latence. Mais si vous la comprenez, vous pouvez la réduire : laissez-nous vous donner quelques astuces pour cela.
Derrière toutes ces questions se cache bien souvent un problème majeur : une latence trop élevée. Ce problème est évidemment généralement lié à la pratique du jeu vidéo, mais les notions qui permettent de réduire la latence peuvent être utiles à tous. Nous allons vous expliquer le principe de la latence, mais aussi à quoi il vous faut faire attention pour la réduire. Pas à pas, du plus simple au plus complexe.
La latence décrit tout simplement le temps qu’il faut à deux appareils pour communiquer. C’est donc bien une unité de temps, fréquemment exprimée en millisecondes. Cette latence s’exprime dans bien plus d’endroits d’une chaîne d’appareils classiques que vous l’imaginez, que vous pouvez voir dans le diagramme ci-dessous.
Il existe une latence dans la communication d’un simple périphérique, comme une manette, un écran ou un clavier, et d’un produit comme un PC portable, smartphone, console ; dans la communication de vos appareils vers votre box internet, mais aussi durant la communication de la box de votre opérateur avec le réseau. Et plus ces latences s’additionnent, plus vous rencontrerez des problèmes.
Il existe des bonnes pratiques qu’il vaut mieux garder en tête pour pouvoir réduire tout plein d’éléments dans cette chaîne. À commencer bien sûr par le fait de privilégier la fibre optique si vous en avez l’opportunité, même si l’ADSL/VDSL vous semble suffire à vos besoins. Puisque le signal de la fibre optique voyage littéralement à la vitesse de la lumière et ne subit pas de déperdition selon la distance, c’est la technologie réseau à privilégier obligatoirement.
Notez qu’utiliser le réseau mobile en 4G ou 5G est devenu une option dans certaines régions ou certains cas, mais cette solution est souvent très aléatoire en termes de performance ou de débit. Vous le savez à l’usage sur mobile : ces derniers ne sont pas particulièrement stables, et sont souvent dépendants du nombre de connexions sur l’antenne la plus proche de vous. Si la 5G doit justement régler ces soucis de congestion pour ouvrir la voie à ses améliorations non seulement de débit, mais aussi de latence, nous sommes encore assez loin de l’avoir déployé dans les régions qui profiteraient le plus de ces améliorations. Et ce sans compter la data souvent limitée de ces forfaits.
Enfin, gardez une donnée en tête : les êtres humains peuvent interpréter un signal visuel en 13 ms minimum. Le rêve de tout système est donc d’avoir une latence additionnée inférieure ou égale à cette statistique, pour que sa latence soit tout simplement imperceptible.
1/ Utiliser la bonne manette
Vous utilisez une manette Bluetooth préférée pour jouer sur votre smartphone ou votre PC ? Faites attention à la latence qu’elle génère. Car toutes les technologies sans fil introduisent du délai. Qui peut être encore plus important en cas d’instabilité de la connexion.
Tous les systèmes sans fil fonctionnent sur le même principe : les données qui sont transférées entre la manette et le smartphone seront parfois partiellement perdues. Dès lors, des systèmes sont en place pour que les données soient reconstruites à réception, en suivant tout simplement la logique des données reçues. Tout cela crée une latence supplémentaire, le temps de corriger les défauts du signal envoyé.
À cela s’ajoute également la taille des données envoyées. Une manette DualShock par exemple envoie plus de données qu’une manette traditionnelle, puisqu’elle indique le statut de son accéléromètre ou de sa barre LED en plus des informations habituelles. Une manette plus classique aura donc moins de chance de rencontrer de la latence.
Si vous cherchez à réduire votre latence au maximum, on vous conseillera d’utiliser en priorité une manette filaire ou des solutions comme la Razer Kishi V2 ou la Backbone One sur votre smartphone pour supprimer la latence liée à votre périphérique. En second lieu, nous conseillons l’utilisation des manettes qui utilisent les radiofréquences ciblées — soit les manettes avec un dongle USB fourni, comme la 8bitdo Ultimate — puisque celles-ci n’occasionnent que 5 ms de latence supplémentaire en moyenne. Ce n’est pas pour rien si la plupart des claviers fonctionnent avec un dongle : sans cela, la latence vous empêcherait d’utiliser correctement le produit.
En dernier lieu, en Bluetooth, attention à la version du protocole que vous utilisez : le Bluetooth 5.0 occasionne une latence de 20 ms en moyenne, quand ses plus vieilles versions sont plus instables et ont un débit inférieur. De nombreuses manettes anciennes ou vendues à bas prix continuent d’utiliser le Bluetooth 3, qui est aujourd’hui largement dépassé. Parfois, notamment dans le cadre du cloud gaming, le simple fait de changer de manette a un effet impressionnant sur l’impression de retard que vous subissez.
2/ Bien choisir et paramétrer son moniteur/sa TV
Un autre périphérique est souvent responsable de la latence que vous subissez au quotidien : votre écran. Qu’il s’agisse du moniteur de votre PC ou de l’écran de votre télévision, il existe bien de la latence induite par le temps qu’il faut à votre écran pour afficher et rafraîchir continuellement l’image qu’il reçoit. C’est tout naturel, quand on y réfléchit : si l’on considère qu’une vidéo est une succession extrêmement rapide d’images, alors plus ces images s’enchaînent vite, et plus le mouvement est fluide.
Encore faut-il que votre écran soit aussi réactif que vous. C’est ici qu’il vous faut vous pencher sur l’input lag de votre écran, soit le temps qu’il lui faudra pour interprêter une de vos actions : un clic de souris par exemple. Sur votre téléviseur, pensez à activer le « mode jeu » ou équivalent, dont l’intérêt est justement de réduire au maximum l’input lag. Et pour toutes les dalles, essayez de trouver cette information avant achat. Hélas, aujourd’hui, les constructeurs le dévoilent rarement et préfèrent parler du temps de réponse d’un écran, qui n’est pas équivalent. Ce dernier est le temps qu’il faut à un pixel pour changer d’état, quand l’input lag est le temps qu’il faut pour que ce pixel reçoive l’indication qu’il doit changer d’état. Les deux conjugués doivent être le plus rapide possible.
Un taux de rafraîchissement haut peut introduire des problèmes d’affichage, comme du tearing. Mais plutôt que d’utiliser le V-Sync, qui est généralement limité à 60 Hz et est très lourd pour votre machine, il faudra privilégier des technologies comme le NVIDIA G-Sync ou l’AMD Freesync pour que l’ordinateur synchronise l’affichage avec sa production d’images. C’est avec une synchronisation parfaite, qui s’adapte en temps réel, que les problèmes d’affichage disparaissent.
Votre machine est remplie de petites latences çà et là, des délais qui s’additionnent entre le temps que le jeu communique avec votre RAM, qui communique avec votre CPU, qui communique avec votre carte graphique, qui communique avec votre écran… Bref, vous avez compris le principe. On pourrait croire qu’il n’y a absolument rien à faire sur tout cela, mais c’est faux : quelques optimisations sont malgré tout possibles.
Sur PC, nous avons la chance d’avoir des solutions pour optimiser automatiquement ces latences. La plus plébiscitée est NVIDIA Reflex, qui va s’immiscer dans le jeu lui-même pour réduire au maximum la manière dont il crée ses images et les envoie en rendu à la carte graphique. Si l’option NVIDIA Reflex existe dans votre jeu, pensez donc à l’activer dès que cela est possible pour une meilleure réactivité.
Si Reflex n’est pas disponible sur le titre auquel vous voulez jouer, tout n’est pas perdu : vous pouvez toujours jouer l’optimisation au niveau du driver lui-même. Dans les paramètres de votre carte graphique NVIDIA, section « Gérer les paramètres 3D », cherchez le réglage « Mode de faible latence » et passez-le en « Ultra ». Généralement, on appelle cette option « NVIDIA NULL ».
Les systèmes utilisant des cartes AMD Radeon ont leur propre option d’optimisation à même les drivers, baptisée « AMD Anti-Lag ». Vous pouvez l’activer dans l’interface Catalyst, section « Graphismes ». Dans tous les tests disponibles à travers le monde, on peut cependant observer qu’elle est loin d’être aussi efficace que la solution développée par NVIDIA. C’est un argument en faveur de la team verte si vous cherchez à réduire au maximum votre latence.
Attention cependant pour ces deux derniers réglages, NVIDIA NULL et AMD Anti-Lag : leur principe est de ralentir votre CPU pour que son timing se synchronise avec votre GPU dans la création des images. Sur un jeu qui est plus intensif pour votre processeur que votre carte graphique (ce qui est assez rare), activer ces options peut créer de la latence plutôt que la réduire.
Notez aussi qu’une des grandes évolutions de la formule RTX 4080 de GeForce Now, le service de cloud gaming, est justement d’introduire la technologie Reflex au sein de son streaming. C’est ce qui lui permet d’arriver aujourd’hui à une absence totale de latence ressentie, dans les bonnes conditions.
4/ Prenez le contrôle de votre Wi-Fi
Comme expliqué plus haut, les technologies sans fil introduisent naturellement de la latence, et vont donc détériorer le débit maximal auquel vous pouvez prétendre. Si vous cherchez vraiment à réduire au maximum cette latence, il vous faudra de ce fait connecter vos appareils en filaire, par le biais d’un câble Ethernet. Mais si le Wi-Fi est votre seul salut, tout n’est pas perdu.
Une bande réseau 5 GHz est ce que vous devez absolument utiliser sur vos appareils importants, à l’image de vos consoles de jeu, vos smartphones ou vos PC gamers. La bande 2,4 GHz est plutôt à laisser aux objets connectés, puisqu’elle est surchargée et peu performante. Le simple fait d’utiliser le 5 GHz par rapport au 2,4 GHz vous permettra une latence très largement réduite, dans le cadre du cloud gaming par exemple : faites toujours attention d’utiliser la bonne bande.
Sachez que toutes les box du marché vous permettent de séparer les bandes 2,4 et 5 GHz pour leur donner chacune un nom différent. Dès lors, vous pourrez contrôler précisément quels appareils ont le droit à la meilleure connexion dans votre domicile. La procédure vous demandera d’accéder à l’interface d’administration de votre box, une procédure que les plus motivés trouveront facilement sur internet. Ce n’est pas très compliqué, ni très long.
Sachez en tout cas une chose : quoi qu’il arrive, le réseau Wi-Fi proposé par les box des opérateurs est plutôt… mauvais. Ces derniers sont obligés de faire des économies pour proposer celles-ci au plus grand nombre. Le simple fait d’acheter et configurer votre propre routeur Wi-Fi pourrait déjà régler de nombreux soucis, et profiter des dernières technologies Wi-Fi comme le Wi-Fi 6E vous promet un signal plus stable et un meilleur débit, or la stabilité est aussi extrêmement importante pour votre expérience.
Certains routeurs, comme la gamme ROG Rapture par exemple, intègrent des optimisations de trafic spécifiquement pour les jeux vidéo : les paquets de jeu envoyés sur le réseau ont la priorité sur tous les autres. Une belle optimisation de la latence, particulièrement pour un réseau familial utilisé par de multiples personnes à la fois.
5/ En dernier recours, le CPL
Le grand avantage du Wi-Fi est évidemment de ne pas vous forcer à tirer des câbles, ce qui n’est pas forcément possible pour beaucoup de foyers. Dans ce cas, une solution peut être tentante : le CPL, pour « Courant Porteur en Ligne ». Mais attention : l’efficacité de cette technologie est énormément dépendante de l’état de votre réseau électrique et de sa configuration. C’est un côté très aléatoire qui rend la configuration difficile à recommander, sauf si votre habitation est très récente.
Les plots CPL permettent de faire passer vos données par le biais de votre réseau électrique. Ce transfert se fait rapidement et de manière stable, ce qui vous permet d’optimiser la latence d’un appareil connecté loin de votre box. Pour que la technologie fonctionne au mieux, il faut brancher le plot CPL directement sur votre prise murale, avant de brancher sur celui-ci le reste de vos périphériques (la plupart des modèles ont une prise intégrée). Ce nouveau bloc vous fournira une prise Ethernet qu’il faudra connecter à votre box.
Ensuite, chacun des nouveaux plots installés sur une prise dans votre maison fournira la même prise Ethernet pour un appareil, qui communiquera du coup directement avec votre box par le biais de votre réseau électrique. Mais encore une fois, méfiez-vous de votre habitation. Soyez sûrs de pouvoir renvoyer les plots au revendeur contre remboursement total, si d’aventure la solution ne marchait pas chez vous. Et quoi qu’il en soit, on recommandera l’investissement dans un bon routeur Wi-Fi 6E en priorité.