Dimanche 3 mars, le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco) a révélé l’existence d’un système de détournements de fonds impliquant plusieurs hauts responsables de l’entreprise. Ces pratiques auraient permis de détourner au moins huit milliards d’ariary alors que les usagers subissent de leur côté les délestages et coupures d’eau incessantes.
Dans les conclusions de son enquête, le Bianco pointe un système « bien rodé » d’abus de fonction et de détournement de fonds. Le rapport s’appuie sur une affaire d’achats de groupes électrogènes dédiés à faire tourner les stations de la Jirama.
Au moment de lancer cet appel d’offre, l’entreprise publique invoque un caractère d’urgence face aux problèmes de distribution d’eau. Résultats, la procédure habituelle régie par les principes de transparence et de mise en concurrence du code des marchés publics est contournée. Un premier agent de la Jirama valide ce caractère d’urgence. Un deuxième agent attribue le marché à une société écran.
Troisième acteur en jeu, le responsable de l’entreprise complice. Lui achète les groupes électrogènes au véritable fournisseur avant de les surfacturer à des sommes colossales à la Jirama.
En tout, quinze personnes soupçonnées d’être impliquées dans l’affaire ont été déférées devant le parquet du Pôle anti-corruption (PAC) d’Antananarivo. Trois d’entre elles se trouvent actuellement en détention provisoire : un cadre et un membre du conseil d’administration de la Jirama ainsi que le fournisseur complice.
Le Bianco estime de son côté qu’il est temps « d’arrêter l’hémorragie » au sein de la société d’État minée depuis des années par des scandales de détournements d’argent public. Autant de fonds non-alloués aux usagers, affectés au quotidien par le manque d’eau et d’électricité. Sollicitée par RFI, la Jirama n’a pas souhaité réagir à l’affaire.