Les étudiants du Bangladesh ont à nouveau manifesté lundi 29 juillet après que le gouvernement de la Première ministre Sheikh Hasina a ignoré un ultimatum en vue d’obtenir la libération de leurs dirigeants et des excuses pour les personnes tuées dans les récents troubles.
Plusieurs rassemblements ont eu lieu dans la capitale Dacca et ailleurs au Bangladesh, mais d’une ampleur moindre que ceux observés plus tôt dans le mois. La police a utilisé des matraques pour disperser une manifestation dans la banlieue de cette ville, arrêtant au moins 20 personnes, selon le plus important quotidien, Prothom Alo.
Les forces de sécurité ont été largement déployées à Dacca, une mégalopole de 20 millions d’habitants, pour éviter d’autres rassemblements.
La peur s’est installée
Simple étudiante il y a encore quelques semaines, cette jeune femme jointe par RFI assure vivre dans un climat de peur permanent : « Je ne peux pas sortir dehors, je ne me sens pas en sécurité. Tous les étudiants sont en danger. Ils regardent les portables, vont dans les maisons pour vérifier le contenu des téléphones, fouiller les affaires personnelles. Ils arrêtent les jeunes, les hommes comme les femmes ».
Mais la dureté de la répression et les morts qui s’accumulent ont en partie renforcé la détermination étudiante, selon elle : « la police, le raid et l’armée tuent des gens sous nos yeux. Nous voyons les corps sans vie de nos propres yeux, nous voyons comment ils tuent nos frères et sœurs de lutte. Nous n’avons aucun autre choix que de manifester ».
Les étudiants encore plus déterminés
Elle explique ainsi que désormais, les organisations étudiantes appellent le reste de la population à venir se joindre au mouvement : « les gens de tous âges, à tout niveau sont concernés par la situation de notre pays. Tout le monde veut la justice, le gouvernement doit s’excuser pour tout ce qu’ils nous ont fait ».
En plus des excuses publiques de la cheffe du gouvernement Sheik Hassina, les manifestants exigent le renvoi de plusieurs ministres et la réouverture des écoles et des universités. Les autorités ont décrété une journée de deuil national ce mardi 30 juillet.
À l’origine : les quotas dans la fonction publique
La contestation a commencé après la réintroduction en juin d’un système réservant à certains candidats plus de la moitié des emplois de la fonction publique, dont près d’un tiers aux descendants d’anciens combattants de la guerre d’indépendance du Bangladesh. Avec environ 18 millions de jeunes Bangladais sans emploi, d’après les chiffres du gouvernement, cette décision a profondément heurté les diplômés.
Les manifestations d’étudiants contre les quotas d’emplois dans la fonction publique ont fait au moins 205 morts, dont plusieurs policiers, selon un comptage de l’AFP à partir de données de la police et hospitalières. Au moins 9.000 personnes ont été arrêtées dans tout le Bangladesh depuis le début des troubles, selon Prothom Alo.