Centrafrique : Chaque été, en juillet et en août, la saison des chenilles modifie les habitudes alimentaires des Centrafricains. Ces insectes, appelés localement makongos, apparaissent dans les forêts de la Lobaye, au sud-ouest du pays. C’est une ressource consommée dans toute la République centrafricaine, pour son goût unique et ses valeurs nutritives.
À l’aide d’instruments traditionnels, les fixeurs réveillent les habitants de ce campement et leur donnent le top du départ. À 4 heures du matin, les ramasseurs se divisent en deux groupes de cinq personnes. Armés de machettes, certains se fraient un chemin entre les arbres, les feuilles et les plantes pour faciliter la cueillette. D’autres, munis de paniers, de récipients et de sacs, ramassent les makongos qui traînent partout au sol.
André, l’un des ramasseurs, explique le mécanisme de la cueillette : « Pour aller à la cueillette, on ne va pas au hasard. Les gens se rassemblent, ils prennent le rendez-vous et puis ils y vont. Ils font des petites huttes et puis c’est dans ces huttes qu’ils vont rester pour aller chercher les arbres où se trouvent les chenilles. Il suffit de trouver les chenilles dans les arbres en train de bouffer les feuilles. Et puis tu peux les cueillir. C’est une cueillette quoi. »
Pour ramasser ces insectes, il faut bien connaître la forêt et faire preuve d’agilité. Eunice qui consomme les chenilles depuis 20 ans, assiste pour la première fois au ramassage : « Ça fait partie de mes aliments préférés. C’est une alimentation qui est saisonnière, donc pendant les chenilles, on peut en manger 5 jours sur 7, pour ne pas dire tous les jours. On prépare ça de différentes manières. Parfois, on les fait juste avec de l’huile, de l’oignon, quelques ingrédients. Ou parfois, on ajoute même de l’omelette ou même les feuilles de gnetum. Yabanda, c’est, c’est comme ça qu’on l’appelle. »
Les makongos regorgent des vertus nutritives, Stephane Bria en sait quelque chose : « J’aime les chenilles parce que c’est très riche, parce qu’elles possèdent de la vitamine A, de la vitamine D et de la vitamine E. C’est aussi très riche au calcium et en fer. Je peux même en manger 7 jours sur 7. Un paquet à 500 francs (76 centimes d’euros), mais pour nous, toute la famille, vous savez que nous sommes dans une famille africaine, chez nous, il y a beaucoup de personnes, donc pour manger ça convenablement, il faudrait que nous en payions pour 3 000 ou bien pour 3 500 (environ 5 euros). »
En Centrafrique, la saison des chenilles dure deux mois. Tous les commerçants se ravitaillent dans cette immense forêt avant d’alimenter les marchés de la capitale et ceux des autres villes du pays.