Juan Branc : Libéré sous contrôle judiciaire, il est sur le point d’être expulsé du Sénégal. Retour sur le parcours agité de Me Juan Branco, jeune avocat français aux positions radicales, qui a déjà beaucoup fait parler de lui en France, avant d’apparaître dans le dossier Ousmane Sonko.
Juan Branco, 33 ans, est en passe d’être expulsé du Sénégal direction la France. Arrêté ce week-end à la frontière mauritanienne, il était en détention à Dakar, inculpé notamment d’attentat, complot, diffusion de fausses nouvelles, actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves.
Le jeune avocat franco-espagnol s’est fait un nom au Sénégal, en prenant part à la défense de l’opposant Ousmane Sonko, annonçant notamment avoir saisi la Cour pénal internationale (CPI) contre le président Macky Sall, pour crimes contre l’humanité, après les graves troubles qui ont fait au moins seize morts après l’arrestation de M. Sonko.
Juan Branco n’a pas 30 ans quand, en mars 2019, son essai Crépuscule devient un phénomène de librairie, avec près de 100 000 exemplaires vendus. Fait rare, il paraît aux éditions Au diable vauvert après avoir connu le même succès sur Internet, où il a été téléchargé en accès libre plus de 100 000 fois.
Au premier rang desquels Emmanuel Macron et les figures de la macronie, auxquels il voue une véritable détestation. « Ils ne sont pas corrompus, ils sont la corruption », affirmait-il lors d’une interview début 2019. Plusieurs macronistes en feront les frais, leur vie personnelle étant étalée au grand jour, au motif qu’elles révéleraient « des rapports de népotisme avérés ».
De Benjamin Griveaux, qui devra renoncer à sa candidature à la mairie de Paris pour le camp présidentiel en 2020, après la publication d’une vidéo à caractère sexuel sur les réseaux sociaux par l’artiste russe Piotr Pavlenski, dont M. Branco était devenu proche. Si proche que le bâtonnier de Paris ne lui permettra pas de le défendre devant la loi, estimant qu’il manquait de la distance nécessaire pour défendre son client.
À Gabriel Attal, dont il révèle l’homosexualité et sa relation avec un conseiller de l’Élysée, déjà sur les réseaux sociaux fin 2018, le jour même de la nomination au gouvernement de celui qui fut son camarade de lycée à l’École alsacienne, très prestigieux établissement privé de Paris.
Car Juan Branco, fils du célèbre producteur portugais de cinéma d’art et d’essai Paulo Branco, et de la psychanalyste espagnole Dolores Lopez, a bénéficié d’une éducation privilégiée et est passé par les plus grandes écoles. Diplômé de Sciences Po Paris et titulaire de quatre masters, il devient docteur en droit international après une thèse à Normale Sup, portant sur la CPI et les violences de masse, effectuant un déplacement en République centrafricaine en 2013, alors que la guerre civile y fait rage.
Le natif d’Estepona, Costa del Sol, est donc un jeune homme pressé, certes, mais brillant, et séduisant également, tout en étant jugé « mégalo, mythomane et très, très manipulateur » par la députée socialiste Aurélie Filippetti, dont il a été le collaborateur parlementaire à seulement 22 ans, avant qu’elle ne devienne la ministre de la Culture de François Hollande.
En 2015, Juan Branco a également été conseiller juridique de WikiLeaks et de Julian Assange, commençant alors à s’exposer dans les médias. Et en 2017, il se présentait aux élections législatives en Seine-Saint-Denis, pour La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, avant de s’en éloigner, « convaincu, dit-il, que ce n’est pas à l’intérieur du système qu’on trouvera la solution ».