Football : Parmi les Lions qui ont gagné la Coupe d’Afrique des nations en février dernier et qui sont attendus au Mondial de Qatar, il y a Sadio Mané, Pape Matar Sarr ou Ismaïla Sarr. Ils sont tous passés dans leur jeunesse par la même académie : Génération Foot, située à une quarantaine de kilomètres de Dakar.
Sur le bord du terrain, Aliou Mbaye, 16 ans, reprend son souffle. Recruté depuis l’année dernière, il travaille dur dans l’espoir de faire une carrière internationale : « Je voulais venir ici pour aider ma mère, pour devenir un joueur professionnel. J’aimerais bien partir en Europe pour montrer aux gens ce que je suis capable de faire, montrer mon talent. »
« En Europe, tu es bien payé… »
Les 117 joueurs de l’académie rêvent tous de partir au club français FC Metz, partenaire de Génération Foot, qui recrute entre 2 et 4 joueurs par an.
Abdoulaye Fall Beye, qui joue dans l’équipe professionnelle, espère bientôt décrocher un contrat en Europe. « Ici, il y a beaucoup de joueurs et tout le monde ne peut pas aller à Metz, voilà… la sélection est corsée. S’il n’y pas la possibilité à Metz, pourquoi pas aller dans d’autres clubs, même en Afrique il y a de bons clubs qui paient bien, mais je préfère aller en Europe. D’abord, les moyens ne sont pas les mêmes. En Europe, tu es bien payé, les structures aussi ne sont pas les mêmes. »
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L’entraîneur Balla Djiba, lui-même formé à Génération Foot, travaille à développer chez ses jeunes joueurs les qualités requises pour aller en Europe : « Le football maintenant, c’est quatre aspects : il y a l’aspect psychologique, il y a l’aspect mental, il y a l’aspect technique, il y a l’aspect tactique, donc on travaille sur tous ces aspects pour au moins les faire progresser, pour qu’ils deviennent de grands footballeurs. »
Les joueurs suivent en parallèle des études car seuls 2 à 5% d’entre eux feront une carrière professionnelle dans le football.
« Cela pousse le patriotisme »
Les joueurs de l’équipe nationale de football, comme Sadio Mané, sont considérés comme des exemples. Mais malgré un taux d’échec élevé de carrière professionnelle où la compétition est rude, le football continue de faire rêver au Sénégal, nous explique Papa Serigne Diène, enseignant-chercheur à l’Institut national supérieur de l’éducation populaire et du sport (Inseps). « L’impact du football sur la jeunesse sénégalaise, d’abord ça crée des références, les jeunes pourront dire : ok, à force de travailler, nous pouvons vraiment arriver à quelque chose » ; parce qu’il y a un effet d’identité, cela (encourage) le patriotisme, on voit que le football parvient vraiment à établir une cohésion sociale, parfois sur le plan politique, sur le plan culturel… Il y a tellement de tensions, mais l’activité footballistique permet vraiment d’atténuer cette tension ». Elle est aussi bénéfique sur le plan économique, poursuit Papa Serigne Diène : quand il y a un événement, comme la Coupe d’Afrique, la Coupe du monde, ou même au niveau local dans le championnat, le football booste l’activité économique. « Hormis cela, nous avons l’avènement aussi du professionnalisme au niveau du football, la Ligue professionnelle qui engage pas mal d’employés, alors que si la ligue n’était pas professionnelle, ces jeunes pourraient être des chômeurs ou autres, on parvient quand même à les récupérer, et à les verser dans le marché de l’emploi. »
Le Sénégal fait partie des cinq équipes africaines (avec le Ghana, le Maroc, la Tunisie et le Cameroun), qui participeront à la Coupe du monde 2022 dont le coup d’envoi sera donné dimanche 20 novembre au Qatar. Les Lions de la Téranga entrent en scène le lendemain, le 21 novembre, avec un premier match contre les Pays-Bas.