Tunisie : De la chirurgie esthétique à des tarifs plus bas qu’en Europe ou encore des résidences séniors médicalisées, des soins gynécologiques ou dermatologiques, la Tunisie draine de plus en plus d’étrangers pour ses soins. Une aubaine économique face au secteur touristique classique qui peine à reprendre après la pandémie, le tourisme médical représente près de 45 % du secteur touristique global.
Dans le cabinet du docteur Chiraz Bouzguenda, dans la banlieue de la Soukra à Tunis, les consultations s’enchaînent. Chirurgienne esthétique, elle note une diversification importante de la provenance de ses patients étrangers ces dernières années :
« Par exemple, moi, j’ai de plus en plus de patients qui viennent de la Suisse, de Belgique, du Canada, sans parler de l’Europe bien sûr de Libye parce que c’est juste à côté, de l’Algérie aussi », explique la docteur Chiraz Bouzguenda. Les opérations demandées suivent la tendance mondiale. « Les lipofillings fessiers qui sont très à la mode suite à l’effet Kim Kardashian », souligne-t-elle.
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Des tarifs moitié moins élevés qu’en France
Depuis plus de vingt ans, la Tunisie a acquis une bonne réputation pour ses services de soins en matière de chirurgie esthétique, à des prix moins élevés qu’en France, la moitié du prix, voire le tiers à cause de l’inflation dans l’Hexagone.
« La semaine dernière, j’ai opéré un patient, ça lui a coûté tout compris 2 500 euros. J’inclus le billet d’avion, 2 500 euros en France, rien que pour l’intervention, ça allait lui coûter 11 000 euros », décrit Dr Bouzguenda.
Le secteur est en plein essor avec l’augmentation des cliniques privées dans le pays, mais aussi des agences de voyages spécialisées dans ce tourisme… Elles s’occupent de tout : du billet à la mise en relation avec le médecin ; à la différence que le patient ne vient pas pour le soleil ou la plage. « Moi, je leur dis, vous n’êtes pas en vacances, vous êtes là en convalescence », rappelle-t-elle.
Les seniors, nouvelles cibles du tourisme médical
D’autres professionnels de la santé vont vers un nouveau créneau : le tourisme médical pour seniors. À Hammamet, dans le Cap Bon, Ikbel Jbebli, ancien prestataire de soins à domicile, est directeur des lieux du palais Didon, une résidence médicalisée pour seniors située dans un hôtel. « On accepte les patients dépendants parmi nous et les clients autonomes aussi, retraités. Les autonomes, on parle un séjour logé, nourri, blanchi, à partir de 60 euros jour et pour les dépendants, on parle de 90 euros jour pour les patients logés, nourris, blanchis », explique Ikbel Jbebli.
La résidence accueille une vingtaine de patients entre Tunisiens et étrangers, mais elle peut en recevoir le double… Le concept se développe progressivement dans le pays avec la présence de quelques maisons de retraite, mais il n’y a pas encore de cadre légal clair pour l’équivalent d’un Ehpad. « Peut-être d’ici peu de temps, il y a une volonté politique d’améliorer et de proposer ce type de services parce que maintenant les gens sont demandeurs », soutient-il.
Le ministère de la Santé a annoncé vouloir miser sur le secteur du tourisme médical pour les cinq prochaines années, surtout quand le modèle du tourisme de masse arrive à bout de souffle.