Télétravail honni, vol sans complexe de données… Eric Schmidt, l’ancien patron et président de Google, a révélé quelques petits secrets détonnants de la Silicon Valley à l’occasion d’une intervention auprès d’étudiants, avant de se raviser en partie. Trop tard !
Quelle mouche a piqué Eric Schmidt ? Celui qui fut CEO et président de Google — il a quitté le conseil d’administration d’Alphabet il y a cinq ans — a ouvert en grand le robinet des révélations fracassantes devant des étudiants de l’université Stanford, le tout face à une caméra. La vidéo, publiée sur YouTube, a été retirée à sa demande mais le mal est fait. Des extraits circulent un peu partout, et un transcript de l’intervention est lisible ici.
Confidences explosives
Eric Schmidt a confirmé un secret de polichinelle : pour une startup qui veut percer, c’est OK de voler les idées des autres, les données des utilisateurs, « toute la musique ». C’est ce que ces étudiants devraient faire s’ils étaient « des entrepreneurs de la Silicon Valley ». Et si jamais le succès était au rendez-vous et qu’on se rendait compte que ces jeunes pousses avaient volé leurs idées ? « Si cela décollait, vous engageriez tout un tas d’avocats pour aller nettoyer le gâchis, n’est-ce pas ? Mais si personne n’utilise votre produit, peu importe que vous ayez volé tout le contenu ».
Une déclaration stupéfiante qui conforte l’idée que les entreprises de la Silicon Valley n’ont aucun scrupule à se voler entre elles. Eric Schmidt donnait l’exemple de TikTok : si le réseau social devait être interdit aux États-Unis, il propose aux étudiants de demander à un bot IA de cloner l’application.
« Si TikTok est interdit, voici ce que je propose à chacun d’entre vous : dites à votre LLM [modèle de langage IA, ndr] ce qui suit : “Fais-moi une copie de TikTok, vole [les données de] tous les utilisateurs, vole toute la musique, mets-y mes préférences, génère ce programme dans les 30 prochaines secondes et publie-le”. Et si dans une heure le programme n’est pas viral, faites quelque chose de différent dans le même sens ».
Les entreprises IA sont régulièrement accusées de piller les données, les articles des éditeurs en ligne et les œuvres d’art sous copyright pour entraîner leurs modèles. Elles ne seront probablement guère ravies du discours d’Eric Schmidt : il donne des munitions aux artistes et aux éditeurs qui portent plainte pour ces raisons !
L’ancien dirigeant de Google ne s’est pas arrêté en si bon chemin. Il a également affirmé que si le moteur de recherche était en retard sur l’IA générative, c’était à cause du télétravail. « Google a décidé que l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, rentrer tôt à la maison et travailler à domicile était plus important que gagner [la course à l’IA] », a-t-il affirmé. « La raison pour laquelle les startups fonctionnent, c’est parce que les gens travaillent comme des fous ».
Sur ce volet de l’intervention, Eric Schmidt a cependant rétro-pédalé. Auprès du Wall Street Journal, il regrette avoir « mal parlé de Google et des horaires de travail », en précisant avoir demandé le retrait de la vidéo. Cette diatribe contre le travail à domicile reflète en tout cas l’aversion d’une bonne partie des entreprises de la tech pour le télétravail.