Le pape François a ouvert, le mercredi 2 octobre, la deuxième partie de ses grands travaux sur l’avenir de l’Église. Après s’être réunis l’an dernier à la même époque, plus de 360 participants se retrouvent au Vatican. Pendant près d’un mois, cardinaux, évêques et laïcs du monde entier vont débattre des grands thèmes de la vie de l’Église et de sa gouvernance. En ouvrant les débats, le pape François a rappelé l’esprit qu’il souhaitait lors des sessions de travail : pas de polémiques inutiles.
Lors de la messe place Saint-Pierre en prélude à cette assemblée synodale, le pape François a lancé un avertissement à ceux qui voudraient imposer certaines thématiques durant les trois semaines à venir, et risquer de trop polariser les débats, raconte le correspondant de RFI au Vatican, Éric Sénanque :« Veillons à ne pas transformer nos contributions en points à défendre ou en agendas à imposer… Sinon, nous finirons par nous enfermer dans des dialogues de sourds, où chacun essaiera d’apporter de l’eau à son moulin ».
François souhaite que ce synode ne soit instrumentalisé ni par les ultraconservateurs ni par les trop progressistes. De quoi décevoir certains, qui veulent faire avancer certains dossiers dans l’Église comme l’accueil des personnes LGBTQ+, une question qui a braqué certains épiscopats comme en Afrique. Parmi les nombreux thèmes au centre des discussions, la valorisation de la place des femmes dans la vie de l’Église.
La place des femmes, l’un des enjeux centraux, du synode
Cette année encore, une cinquantaine de femmes vont pouvoir voter, sur les 368 participants, en majorité des religieux, mais le sujet a été évincé des débats, au grand regret d’Anne Soupa. La théologienne française est la présidente du Comité de la Jupe, une association féministe et catholique : « La question de la place des femmes a été écartée des conversations des membres de ce synode. Elle a été repoussée à des réflexions doctrinales dans des groupes de travail. Il y a un barrage très, très fort à la Curie, pour faire en sorte que la position des femmes n’évolue pas, et surtout pas vers une ordination des femmes qui est la question redoutée entre toutes par les ecclésiastiques romains. Parce que je crois que l’institution défend son système et qu’elle ne veut pas bouger de cet état-là. Elle veut garder la masculinité du ministère ordonné. C’est une majorité conservatrice qui s’appuie sur des modèles du passé et qui, si elle n’a pas de références dans le cours de l’histoire, croit qu’elle est perdue. C’est un problème de ce genre, un problème d’identité ».
La question délicate des abus sexuels également débattue
Devant 2 500 personnes réunies à la basilique Saint-Pierre de Rome, un baryton sud-africain agressé par un prêtre à l’âge de 11 ans a dénoncé le manque de transparence et de responsabilité de l’Église face à ces violences qui ont « ébranlé la foi de millions de personnes ». « Comment pourrions-nous être crédibles dans la mission si nous ne reconnaissons pas nos erreurs et ne nous penchons pas pour guérir les blessures que nous avons causées par nos péchés ? », a réagi François. L’Américain Seán O’Malley a confié sa « honte » et sa « tristesse » devant les violences « qui ont volé l’innocence et profané le caractère sacré des personnes faibles et sans défense ».
Le pape souhaite par ailleurs une Église plus horizontale. Mercredi 2 octobre, lors de la première session de travail, il a invité les participants à ne « pas opposer la hiérarchie de l’Église et les fidèles laïcs » et exhorté à l’écoute mutuelle durant les travaux. Les conclusions seront rendues le 26 octobre prochain.