Les autorités turques ont bloqué samedi 29 avril tous les accès internet dans le pays à l’encyclopédie Wikipedia, sans donner d’explications, a annoncé samedi Turkey Blocks, un organisme de surveillance en ligne. Ankara n’a pas réagi à cette accusation.
La fermeture de l’accès en toutes langues du site en Turquie a été détectée à 5h (temps universel), à la suite d’une mesure administrative des autorités, selon un communiqué de Turkey Blocks. Ce samedi 29 avril au matin, les habitants d’Istanbul ne pouvaient pas se connecter à Wikipedia, sauf en utilisant un accès VPN (réseau privé virtuel), a constaté l’AFP.
« Le manque de disponibilité (d’internet) dans le pays est constant en raison des filtres utilisés pour censurer les contenus », affirme Turkey Blocks. Selon Turkey Blocks et d’autres médias, dont le quotidien Hurriyet, la mesure administrative fermant Wikipedia nécessite d’être confirmée dans les prochains jours par une décision de justice.
L’Autorité des technologies de Communication et d’Information (BTK) a confirmé dans un communiqué la fermeture du site. « Après une analyse technique et une considération juridique basée sur la loi Nr. 5651, une mesure administrative a été prise pour le site internet wikipedia.org », déclare BTK sans donner de raisons à cette suspension. Les autres sites internet, notamment les principaux réseaux sociaux, fonctionnaient normalement samedi.
Blocages récurrents
Ces dernières années, les autorités turques ont bloqué temporairement à plusieurs reprises les accès aux réseaux populaires comme Facebook et Twitter, à l’occasion de grandes manifestations contre le pouvoir ou d’attaques terroristes, entraînant l’utilisation de VPN, qui permettent la connexion entre ordinateurs en contournant les restrictions d’accès. Mais certains utilisateurs de VPN se plaignent aussi désormais d’être parfois bloqués.
Selon certains internautes, furieux de la suspension de Wikipedia, la raison pourrait être l’abondance de critiques défavorables modifiant le portrait Wikipedia du président Recep Tayyip Erdogan, à la suite de sa victoire au référendum du 16 avril qui renforce son pouvoir personnel.
En novembre 2016, après d’importantes suspensions des réseaux sociaux à la suite de l’arrestation controversée de députés kurdes, le Premier ministre Binali Yildirim avait reconnu que « de temps en temps, pour des raisons de sécurité, [ils pouvaient] prendre ce genre de mesures ». « Elles sont temporaires. Quand le danger est passé, tout revient à la normale », avait-il souligné.
(Avec AFP)