Une nouvelle évaluation des politiques et pratiques commerciales à Madagascar doit démarrer mercredi 12 février à Madagascar, menée par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Syndicat des industries de Madagascar appelle alors le gouvernement à mieux « préserver ses industries de la concurrence étrangère ». Il propose d’accentuer les mesures protectionnistes en faveur des entreprises qui fabriquent et transforment localement pour protéger le marché malgache des produits d’imports.
À l’intérieur d’une usine de sacs tissés à Madagascar, en février 2025. En 2024, les acteurs de l’industrie de la sacherie en polypropylène tissé avaient plaidé leur cause auprès de l’ANMCC et ont réussi à faire imposer des droits d’accises en plus des droits des douanes habituels auprès des importateurs de sacs tissés.
À l’intérieur d’une usine de sacs tissés à Madagascar, en février 2025. En 2024, les acteurs de l’industrie de la sacherie en polypropylène tissé avaient plaidé leur cause auprès de l’ANMCC et ont réussi à faire imposer des droits d’accises en plus des droits des douanes habituels auprès des importateurs de sacs tissés. © Sarah Tétaud / RFI
La concurrence étrangère menace certaines industries malgaches. Encore plus dans un contexte où la fourniture d’énergie en quantité suffisante et le délabrement des infrastructures routières pèsent dans les coûts des entreprises de la Grande-Île, explique le Syndicat des industries de Madagascar.
Les industries locales ont donc plus que jamais besoin d’obtenir une meilleure protection, argue son président Tiana Rasamimanana : « Nous constatons à travers les accords que nous avons signés, notamment au niveau de la SADC, au niveau du Comesa, qu’un certain nombre de produits peuvent rentrer librement sans payer de taxe sur le marché malgache. Or ce que nous demandons, c’est qu’il faut que l’on mette en place un système de protection de nos usines. Dès que la production locale couvre les besoins des consommateurs, tout ce qui est importation supplémentaire peut être frappée d’une taxe additionnelle. »
Taxes au-delà des 30%
Les fabricants de couvertures, de détergents, de farine, de lait concentré, de pâtes alimentaires ou de peintures, pour ne citer qu’eux, ont déjà bénéficié de mesures protectrices instaurées par l’Autorité nationale en charge des mesures correctives commerciales (ANMCC). Cela pour limiter l’importation massive de ces mêmes produits fabriqués à l’étranger. Certaines des taxes appliquées vont au-delà des 30%.
Actuellement, des études et enquêtes sont en cours pour que les importateurs de couches et de serviettes hygiéniques – produits également fabriqués localement – soient aussi assujettis des droits d’accise.
L’OMC doit rester « juste et loyale »
Ce seraient des mesures salvatrices pour le pays, selon le Syndicat des industries : « Ce qu’il faut comprendre, c’est que les industries locales sont pourvoyeuses d’emploi. Imaginez que nous fermons nos industries locales. Cela signifie qu’il y a quand même des milliers d’emplois directs et des millions d’emplois indirects qui risquent également de sauter, donc c’est tout le processus économique qui va être mis en jeu. Nous espérons que l’OMC puisse comprendre pourquoi de telles mesures doivent être prises : il faut que l’OMC reste juste et loyale. Il y a des taxes qui ont été mises en place dans des pays de notre zone et je ne crois pas que l’OMC jusqu’à présent ait émis d’avis contraire là-dessus. Ils ont bien compris l’importance de ces taxes additionnelles. »
En insistant sur la généralisation de ces taxes dites protectionnistes, le syndicat entend protéger les industriels malgaches, mais aussi les consommateurs de l’île.
Madagascar: les industriels veulent plus de protectionnisme pour aider la production locale